Blair déborbé sur sa gauche par le Financial Times


Blair débordé sur sa gauche …par le Financial Times


Une analyse publiée par le Financial Times le 26 mai reconnaît que «L’état désastreux des services publics anglais a émergé comme l’un des thèmes essentiels de cette élection.»

Pierre Vanek

A ce sujet, le commentateur du FT réagit en affichant ses réticences face aux projets d’un Tony Blair «qui semble enfermé dans une logique primaire ‘secteur privé bon – secteur public mauvais’, pensée qui a caractérisé l’ère Thatcher/Major» Il dénonce le syndrome du «masochisme du secteur public» ou du moins de ses hauts cadres, dressés sous Thatcher à l’autoflagellation et à la foi en l’entrepreneur privé comme modèle et héros glorieux.


Il déplore «le credo discrédité des années Thatcher/Major lors desquelles beaucoup de ce qui était bon dans le secteur public britannique a été détruit de manière irréfléchie, dans un vain effort pour imiter servilement le secteur privé bien aimé.» Il affirme qu’il faut restaurer l’idée que «des fonctionnaires efficaces peuvent souvent prendre des décisions meilleures que des entrepreneurs en compétition frénétique, chacun à la chasse au profit personnel»


A l’appui de sa thèse …l’exemple Suisse: «Quiconque doute de la possibilité d’un secteur public dirigé de manière rationnelle, ou de cadres du public qui peuvent en remontrer à ceux du privé, devrait jeter un coup d’oeil sur le continent. J’ai vécu plusieurs années en Suisse et je peux témoigner que ses services publics sont de loin supérieurs aux britanniques. (…) Mais cette efficacité enviable a été obtenue non pas grâce à la prédominance d’innovations liées au marché. Les Suisses, eux, ne considèrent pas les derniers balbutiements des think-tanks de Washington comme parole d’évangile. Ils font au contraire confiance dans des fonctionnaires bien payés, motivés et éduqués qui sont chargés de mettre en oeuvre des décisions politiques consensuelles et de les traduire en services de qualité pour chacun.»


Vision idyllique qui indique que ce brave homme n’a guère mis les pieds chez nous depuis des années….


Il continue en critiquant les privatisations à tout crin, en vantant un secteur public chargé de «faire ce que nous décidons collectivement qui doit être fait et ce que les individus ne peuvent pas ou ne veulent pas faire pour eux-mêmes.» et qui «s’occupe de buts sociaux généraux plutôt que des buts privés.»


Le commentateur souligne que malgré toutes le tentatives de «reréguler» les activités privatisées par des «dispositions contractuelles complexes», les patrons privés «contourneront ces contraintes pour promouvoir leurs intérêts d’abord. Et plus longue est la durée de l’activité, plus le problème s’accroîtra.»


Généralement – dit-il – il vaut mieux lever de l’argent pas trop cher grâce à des émissions d’emprunts publics ad hoc et «laisser les employé-e-s du secteur public faire le travail pour lequel on les paie: faire marcher le secteur public dans l’intérêt général.»


Sa conclusion: «La Grande-Bretagne a besoin de restaurer la confiance dans les services publics, comme étant l’un des objectifs les plus nobles dans la vie. Le pays doit cesser de faire semblant que le secteur public doit être dirigé comme un business privé.»


C’était le Financial Times, si vous voulez des lectures moins critique par rapport à la troisième voie blairo-thathchérienne …abonnez-vous à Domaine Public ou participez au débats internes du PSS avec le «Manifeste du Gurten»!