À Carouge, la droite oppose les crèches à la culture

À Carouge, la droite oppose les crèches à la culture

A Carouge, pour sauver le cinéma BIO, des militant-e-s de l’Alliance de gauche, SolidaritéS et Indépendants, ainsi que des militant-e-s socialistes et vertes, se battent depuis des années et plus particulièrement ces derniers mois.


C’est un petit cinéma de quartier convivial, lieu de culture populaire, pour toutes les générations et pour toutes les catégories sociales, accessible à pied et près d’un arrêt de tram, qui contribue à la qualité de vie du vieux Carouge. Il abrite déjà un ciné club pour enfants fort prisé «L’Enfant-Lune», passe de bons films, mais il pourrait devenir, avec le dynamisme insufflé par les Amis du BIO, un véritable foyer de culture avec des festivals, des animations ciblées, des soirées à thème…


Une mémorable nuit du cinéma au mois d’août et les animations de décembre dans le cadre de «Genève fait son cinéma» nous donnent déjà une idée des développements possibles. Les Amis du BIO ont également établi un budget de fonctionnement, prouvant que ce cinéma ne sera pas le «gouffre à subventions» prédit par la droite.

Double paradoxe

Grâce à l’engagement très compétent des Amis du BIO, l’énorme problème financier du rachat du cinéma à son propriétaire, qui en demande 1 million 650 mille francs, a pu être surmonté.


Lors de sa séance du 11 novembre, le Conseil municipal a voté le rachat du cinéma. Plusieurs collectivités publiques cantonales et institutions privées ont promis une aide financière à Carouge, l’Association des Amis du BIO a lancé une souscription auprès des cinéphiles qui devrait rapporter 100000 francs.


La longue lutte semblait être gagnée, quand – coup de théâtre – la droite carougeoise a lancé un référendum contre la décision du Conseil municipal. Les référendaires, tirés par le radical Alain Saracchi, rédacteur du journal partisan «Le Carougeois», ont curieusement titré leur opposition «Les crèches, c’est pas du cinéma».

Des arguments populistes

Leurs arguments populistes font non seulement appel au réflexe anti-fiscal des citoyens, mais encore à leur sens social, en insinuant que le soutien à la culture se ferait au détriment des institutions pour la petite enfance.


Un comble quand on sait que cette même droite s’est opposée à la création des deux nouvelles crèches de la commune, Les Grands Hutins et Val d’Arve!


Pour obtenir leurs 1000 signatures avant le 19 décembre, pas de stands de la droite sur la Place du marché faisant pendant à la joyeuse tente de la gauche, non des démarches en catimini et des lettres de propriétaires intimant à leurs locataires l’ordre de signer ce curieux référendum. Et une publicité d’enfer dans les pages du «Carougeois» qui bénéficie d’une subvention communale!


Autre paradoxe: Les militant-e-s du BIO qui avaient récolté tant de signatures de soutien font maintenant campagne sur le thème «Ne signez pas le référendum»!

Sous la voûte étoilée

Malgré tout, le moral de l’équipe de gauche est excellent: «Nous aimons ce cinéma, nous ne le laisserons pas démolir par les spéculateurs. Nous le repeindrons, nous le transformerons, nous le rajeunirons pour que nos enfants continuent à aller voir des films sous cette magnifique voûte étoilée.


Nous continuerons notre combat jusqu’à ce que les spéculateurs s’en aillent, las de nous voir et nous avoir sur le toit du Bio 72» s’emballe Henriette Stebler, conseillère municipale de solidaritéS.


Maryelle BUDRY


Pour suivre les évènements et le programme, consulter le site de l’Association Les Amis du BIO 72: www.cinema-bio.ch