Courtisée lors des élections, la jeunesse bat la campagne

Courtisée lors des élections, la jeunesse bat la campagne

L’auteure, représentante de solidaritéS/NE au Parlement des Jeunes de Neuchâtel, est également depuis peu présidente de ce Parlement. Ses convictions anti-militaristes et anti-racistes l’ont rapproché de notre mouvement. Voici un article «d’ambiance» qu’elle a rédigé, suite à un débat entre jeunes candidat/es qui s’est déroulé à la Chaux-de-Fonds une semaine avant les élections du 19 octobre.


A l’approche des élections fédérales, force est de constater que le mot «jeune» est un cheval de bataille pour les politiciens. Intéresser les jeunes à la politique: sensibilisation civique pour les uns, propagande partisane pour les autres. Est-ce bien nécessaire, sachant qu’une grande partie des jeunes milite, et ce souvent de manière alternative (manifestations, musique engagée…)? Par ailleurs, une minorité fait le pas, en intégrant des organismes institutionnels: Parlements de Jeunes ou partis politiques.

Un discours peut en cacher un autre…

«J´ai eu une prise de conscience, le jour où mon premier enfant est né: je voulais lui donner un monde meilleur», confie Katia Babey (Socialistes) à la table du Club44, à l’occasion d’un débat réunissant les jeunes candidat-e-s de tous les partis neuchâtelois (hormis l’UDC chez qui la moyenne d’âge est nettement plus élevée). «Le désir de justice et d’égalité est une valeur propre à la jeunesse; notre engagement est naturel», précise David L’Epée (SolidaritéS). De l’autre côté de la table, la jeune droite essuie les mêmes critiques que ses aînés: trop de calculs abstraits derrière l’hypocrisie d’un masque humaniste.


Les partis de gauche, quant à eux, défendent toutes griffes dehors leurs objectifs sociaux, que cela passe par des mesures réformistes ou carrément révolutionnaires. Pour Raphaël Comte (radical), la révolution n’est plus à faire, puisque son parti l’a déjà faite en… 1848!1. A entendre certaines réponses aux questions de l’animateur – «Qu‘est-ce que la neutralité suisse?» «La neutralité est ce qu´on en fait», dixit Yvan Botteron (libéral) – on s’aperçoit que les jeunes sont parfois aussi doués que leurs aînés quand il s’agit de parler pour ne rien dire.

Des listes jeunes… A quoi bon?

Mais à quoi bon créer des listes Jeunes si leurs idées sont si conformes à celles de leurs partis? La bouffonnerie électorale atteint des sommets lorsqu’un jeune candidat de droite s’amuse à paraphraser une citation d’un vieil homme célèbre2… et à la signer de son nom! Malgré cela, la jeunesse a besoin d’écoute. Comme à Neuchâtel, grâce au Parlement des Jeunes. Un jeune ne demande pas à être cantonné derrière ou à côté des «grands», mais à bénéficier d’une écoute égale et d’une considération propre à ses idées, non à son âge. Mais comment parler d’une égalité entre les générations quand elle n’existe même pas entre les partis? Comment espérer se faire entendre quand le Conseil communal décrète une tolérance zéro pour l’affichage sauvage, même en période électorale, et que seuls les partis fortunés peuvent s’offrir les services onéreux de la Société Générale d’Affichage? Les élections passent, mais le problème demeure, et les jeunes auront à leur place dans ce débat sur la liberté d’expression.


Laure GRÜNER

  1. Référence à la révolution du 1er mars 1848, qui fit du canton de Neuchâtel (jusqu’ici principauté prussienne) une république. Chaque année, le parti radical aime à se remettre dans la peau de ses présumés ancêtres… (ndlr).
  2. Denis de Rougemont (ndlr).