Parlement et AVS.. Arrière toutes !
Parlement et AVS… Arrière toutes !
La session spéciale du parlement sur la 11è révision de lAVS a approuvé une révision-régression par 62 oui, 60 non et 63 abstentions! Cette acceptation a été rendue possible grâce à labstention de 11 élus socialistes!
Cette régression, avec au passage 500 millions déconomies, se fait essentiellement au détriment des femmes
- Elévation de lâge de la retraite des femmes à 65 ans dès 2009.
- Suppression de la rente de veuve pour les veuves sans enfants.
- Indexation des rentes tous les 3 ans plutôt que tous les 2 ans, et en ne tenant plus compte de lindice des salaires.
400 mios | 800 mios | 1500 mios | ||||
Revenu | – de 49 000 | – de 74 000 | – de 49 000 | – de 74 000 | – de 61 800 | – de 74 000 |
64 ans | -2.9% | -5.0% | -0.9% | -3.4% | -0.0% | -0.0% |
63 ans | -6.9% | -10.7% | -4.1% | -8.4% | -1.1% | -3.2% |
62 ans | -11.3% | -16.5% | -8.4% | -14.3% | -4.0% | -8.7% |
Le seul petit sucre, cest 400 millions en faveur de la retraite à la carte, cest-à-dire lintroduction dune retraite anticipée qui restera beaucoup trop diminuée pour que celles et ceux qui en auraient le plus besoin puissent en profiter. Par rapport au projet initial du Conseil fédéral, que nous avions déjà analysé et critiqué, la seule différence notable est la réintroduction de la rente de veuve pour celles qui ont des enfants. Largumentation de la droite na pas été un subit retour aux préoccupations sociales, mais la conviction de perdre sur ce sujet en cas de référendum!
Il ne fait pas de doute que cette révision est inacceptable, non seulement par les mesures mêmes quelle introduit, mais aussi par la conception quelle représente: au moment où lon dispose de dizaines de milliards pour larmée, où lon sapprête à faire des milliards de cadeaux fiscaux particulièrement aux riches, le parlement affirme quil faut économiser sur la prévoyance vieillesse alors que lAVS ne satisfait même pas son exigence constitutionnelle: garantir un minimum vital.
Le référendum est donc nécessaire, il devrait recevoir un soutien relativement large («Si le projet de 11e révision de lAVS nest pas radicalement amélioré, lUSS nhésitera alors pas à mobiliser ses membres et à saisir le référendum», ainsi se termine la résolution votée par lAssemblée des délégués de lUSS du 7 mai). Cependant la combativité du PS et des directions syndicales nest pas encore garantie. Il est significatif que lors des débats et résolutions syndicales précédant la session des chambres fédérales, cest la question des rentes de veuves qui était mise en avant, et que laugmentation de lâge de la retraite des femmes nétait pas remise en cause si les mesures de flexibilisation étaient suffisantes.
La «combativité» socialiste sexprime aussi par la déclaration finale, avant le vote, de Paul Rechsteiner, président de lUSS: «Nous ne pouvons pas accepter, telle quelle se présente, cette révision. Cest maintenant au Conseil des Etats daméliorer ces propositions pour quelles deviennent acceptables». Présenter la chambre la plus réactionnaire comme lespoir dune amélioration sociale, il faut oser! En fait cette déclaration ouvrait la porte aux abstentions socialistes qui ont permis ladoption de cette loi. Il faut aussi revenir sur la question de la flexibilisation de lâge de la retraite, largument de ceux qui y voyaient le progrès possible de cette 11è révision. Le débat sest focalisé sur 400, ou 800 ou 1500 millions en faveur de cette flexibilisation, en dautres termes faut-il être plus ou moins généreux. Cette manière de voir obscurcit les enjeux. Politiquement, la vraie question est: Si lon accepte quil soit possible de choisir de prendre sa retraite à 65 ans, à partir de quel âge a-t-on le droit à une rente complète? Et cet âge et les diminutions pour une retraite prise avant cet âge doivent-ils dépendre du revenu?
De ce point de vue, il est utile de savoir ce que signifient les solutions discutées. On remarque que seule la solution à 1500 millions, balayée par le parlement, garantit lobjectif le plus minimaliste, une rente complète pour tous dès 64 ans, et que dans ce «meilleur des cas» on abandonne ce qui doit rester notre objectif: la retraite pour tous dès 62 ans. Ceci montre limportance du référendum, mais dun référendum mené sur des bases combatives, sur la volonté dune amélioration des conditions sociales de la vieillesse, et non sur une base minimaliste qui vise à limiter les dégâts.