Squatters de HARO évacués, mobilisons-nous pour riposter

Squatters de HARO évacués, mobilisons-nous pour riposter

Durant près d’un mois, au 131 route de Peney à Vernier, des locaux d’habitation, annexes de l’ancienne usine HARO, vides depuis quelques années suite à une faillite, ont été occupés pacifiquement par plus d’une vingtaine d’habitant-e-s. Ils/elles ont été évacués manu militari, ce lundi 27 octobre, par la police.


Les occupant-e-s avaient entamé des démarches pour obtenir un contrat de prêt à usage auprès du «propriétaire», ou plutôt en l’occurrence auprès de l’Office des faillites genevois – placé sous la houlette du Département de Justice et Police de Mme Spoerri, qui gère la masse en faillite. Cet Office ayant fait la sourde oreille, ils se sont adressés au gouvernement genevois, comme médiateur, afin de permette à une négociation de s’engager.

Policiers ou habitant-e-s?

L’accord recherché était d’autant plus légitime que les locaux en question ne faisaient l’objet d’aucun projet, et que l’Office des faillites avait d’ores et déjà affecté ceux-ci, sous forme… de prêt à usage, paraît-il gratuit, à la police genevoise à des fins d’«entraînement», ce qui ne présente évidemment aucun intérêt pour les créanciers eux-mêmes. Le Conseil d’Etat n’avait-il pas, quant à lui, le devoir de faire primer les besoins en logement pour de nombreuses personnes? Or, il n’a pas répondu et a joué aux Ponce Pilate.


Interpellé à ce sujet par le soussigné, se faisant le porte parole des habitant-e-s, le vendredi précédant l’évacuation, le président du Conseil d’Etat, le socialiste Laurent Moutinot, ancien avocat des locataires, est resté tapi dans un silence inadmissible. C’est la libérale Spoerri, en charge de la police… et de l’Office des faillites qui a répondu au nom du Conseil d’Etat, par une fin de non recevoir. Invoquant la séparation des pouvoirs et l’autonomie d’action du procureur général, elle a osé prétendre que cette affaire n’avait rien à voir avec le logement, mais relevait des affaires pénales et policières.

Le droit bafoué!

Pourtant, la constitution de la République et Canton de Genève proclame que le «droit au logement est garanti» (art. 10 A). Elle précise même que les autorités doivent prendre «des mesures propres à éviter que des personnes soient sans logement notamment en cas d’évacuation forcée.»


Or, au chapitre des évacuations forcées, la police genevoise, aux ordres du procureur général Zappelli, encouragé par le Conseil d’Etat, s’est livrée à une démonstration de force impressionnante. Une quinzaine de fourgons et de quelque 80 hommes sont en effet intervenus, ce lundi 27 octobre pour jeter les habitant-e-s à la rue.


Ainsi, dans un contexte de crise du logement aiguë, le gouvernement cantonal a cautionné le renversement, par le procureur général, de la pratique établie selon laquelle un logement occupé et habité n’est pas évacué en l’absence d’un projet, en état d’être réalisé, concernant l’immeuble en question. Aujourd’hui, on met la force publique au service du primat absolu du droit de propriété sur toute autre considération sociale ou démocratique.


Il est inadmissible de jeter à la rue de habitant-e-s par le froid qu’il fait, méprisant ainsi leurs efforts collectifs pour remédier à la crise du logement, mais aussi de supprimer volontairement l’équivalent d’un petit immeuble d’habitation, ajouté providentiellement au parc des logements genevois. Une telle action ne peut rester sans réponse.


Elle appelle la mobilisation la plus large des locataires et des habitant-e-s de Genève. En évacuant HARO, les autorités actuelles entendent proclamer haut et fort que l’ordre des régisseurs, des propriétaires et des banquiers ne souffre pas d’exception. Que cet ordre prime sur toute volonté collective de faire respecter nos droits en répondant d’abord à nos besoins.


C’est un message clair du Conseil d’Etat, qu’il n’entend pas – malgré la crise aiguë du logement – faire appliquer la loi qui prévoit la possibilité de réquisition, urgente et indispensable aujourd’hui, des logements maintenus vides par les spéculateurs et autres requins de l’immobilier.


En réponse, s’organise une mobilisation forte pour le droit au logement, dont un important rendez-vous est une grande manifestation, samedi 8 novembre à 14h à la Place Neuve, placée sous le mot d’ordre: «Le logement est une nécessité, sortons-le du marché!»


Pierre VANEK