Lutte des intermittent-e-s en France: quels enjeux pour la Suisse?

Lutte des intermittent-e-s en France: quels enjeux pour la Suisse?

Débat

samedi 4 octobre à 19h – Salle du Faubourg



après le film «Paroles d’intermittents» de Philippe Baron (18h)



Parallèlement aux luttes de cet été en France, et malgré la reconnaissance, loin des feux des médias, d’une spécificité des professions du spectacle en Suisse romande, la nouvelle loi sur le chômage continue de précariser les personnes tentant de vivre de leur art. En effet, le nouveau système d’assurance chômage avec sa période de cotisations de 12 mois sur 24 (qu’on peut mettre en écho avec les 10 à 10,5 mois en France) contribuera à restreindre le nombre d’artistes, ceux-ci étant condamnés à sortir de la profession. Heureusement, un groupe de pression, «Actions intermittents», a contribué ces dernières années à la reconnaissance (!) dudit statut le 1er juillet 2003. Il œuvre aussi, par l’intermédiaire de la gestion d’un fonds social (actuellement dans les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel) au financement partiel des salaires d’artistes qui n’arriveraient pas sans cela à satisfaire aux conditions des délais cadres. Cette mesure coûte moins cher qu’une réinsertion professionnelle, et surtout, elle permet de contribuer à la diversité culturelle par le maintien des artistes dans leur profession.


Quoique ce statut semble faire des intermittent-e-s des «privilégié-e-s» face au chômage, dans les faits, leur situation est loin d’être enviable. Il suffit de penser que le salaire minimum établi par le syndicat suisse romand du spectacle – 3800 Fr. – est rarement, voire jamais atteint dans les productions indépendantes. Il n’est pas rare d’être payé en dessous de 2000 Fr. par mois pour un temps plein. Cette situation catastrophique est due à de nombreux facteurs: la difficulté d’obtenir des subventions, la nécessité de continuer à créer malgré tout (sans création, plus de subventions!) et l’obligation d’avoir des billets à des prix abordables pour que la culture soit accessible au plus grand nombre (les artistes sacrifient une part de leur salaire à ce titre). Finalement c’est le prix du billet qui est subventionné, donc les spectateurs.


Il est évident que la précarité dans laquelle le système néolibéral confine les artistes indépendants (jugés non rentables) est scandaleuse. Il illustre l’uniformisation culturelle et, plus globalement, l’imposition à toutes et à tous d’une pensée unique à laquelle aspirent nos décideurs. Les luttes des intermittent-e-s rejoignent à ce titre toutes celles qui s’opposent au rouleau compresseur néolibéral.


Martin BOEKHOUDT


Intervenant-e-s au débat

Gilles Karle,

directeur technique

Il a participé cet été avec sa troupe aux grèves du festival «in» d’Avignon pour défendre le statut des intermittent-e-s, attaqué par la réforme d’Aillagon. Il a été directeur technique des spectacles de Loichemol à l’époque de l’Auberge de l’Europe. Ancien directeur technique du centre dramatique national de Grenoble, il a parcouru l’Europe avec diverses troupes, qu’elles soient de danse ou de théâtre. Il nous commentera le film projeté à 18 heures et partagera ses expériences de luttes en France.

Daniel Künzi, cinéaste

Membre de solidaritéS, il est l’auteur d’une dizaine de documentaires. Ses premiers films, Ignace Reiss, vie et mort d’un révolutionnaire, (avec Vanessa Redgrave); Yvonne Bovard déportée en Sibérie (avec Marthe Keller), constituent une dénonciation du stalinisme. Certains de ses films explorent la face cachée de l’histoire de l’Helvétie: Un Suisse à part, Georges-Henri Pointet (scénario Gilles Perrault); La Suisse et la guerre d’Espagne, la solidarité; Des Suisses à l’aventure, avec de Gaulle. Il a aussi consacré un film à Porto Alegre: Ensemble le rêve devient réalité.

Catherine Gaillard,

conteuse professionnelle

Membre de solidaritéS, elle lutte depuis 1998 pour promouvoir le conte en tant que parole populaire vivante et le sortir du carcan infantilisant dans lequel la société bourgeoise du 19ème siècle l’a enfermé. Elle se produit particulièrement dans des festivals étrangers (France, Belgique, Liban). Elle a dernièrement participé au et promu le seul festival de contes de Suisse romande à Plan-les-Ouates. Elle traitera plus particulièrement de la difficulté des conditions matérielles auxquelles font face les artistes.

Eric Devanthéry,

metteur en scène

Il a mis en scène plusieurs pièces, dont Fragments Empédocle (Hölderlin) Anéantis (Kane), Supermarché (Srbljanovic). Il s’intéresse particulièrement à la création contemporaine. Après une année à Berlin comme assistant de Thomas Ostermeier, il créée une troupe à Genève et effectue un travail quotidien. La troupe, en parallèle, cherche à ouvrir le théâtre à un autre public. Il a participé au groupe d’intervention artistique contre le G8 (grosses têtes). Il traitera plus particulièrement de la situation des intermittent-e-s en Suisse.