Lutte des intermittent-e-s en France: quels enjeux pour la Suisse?
Lutte des intermittent-e-s en France: quels enjeux pour la Suisse?
Débatsamedi 4 octobre à 19h – Salle du Faubourg
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Parallèlement aux luttes de cet été en France, et malgré la reconnaissance, loin des feux des médias, dune spécificité des professions du spectacle en Suisse romande, la nouvelle loi sur le chômage continue de précariser les personnes tentant de vivre de leur art. En effet, le nouveau système dassurance chômage avec sa période de cotisations de 12 mois sur 24 (quon peut mettre en écho avec les 10 à 10,5 mois en France) contribuera à restreindre le nombre dartistes, ceux-ci étant condamnés à sortir de la profession. Heureusement, un groupe de pression, «Actions intermittents», a contribué ces dernières années à la reconnaissance (!) dudit statut le 1er juillet 2003. Il uvre aussi, par lintermédiaire de la gestion dun fonds social (actuellement dans les cantons de Genève, Vaud et Neuchâtel) au financement partiel des salaires dartistes qui narriveraient pas sans cela à satisfaire aux conditions des délais cadres. Cette mesure coûte moins cher quune réinsertion professionnelle, et surtout, elle permet de contribuer à la diversité culturelle par le maintien des artistes dans leur profession.
Quoique ce statut semble faire des intermittent-e-s des «privilégié-e-s» face au chômage, dans les faits, leur situation est loin dêtre enviable. Il suffit de penser que le salaire minimum établi par le syndicat suisse romand du spectacle 3800 Fr. est rarement, voire jamais atteint dans les productions indépendantes. Il nest pas rare dêtre payé en dessous de 2000 Fr. par mois pour un temps plein. Cette situation catastrophique est due à de nombreux facteurs: la difficulté dobtenir des subventions, la nécessité de continuer à créer malgré tout (sans création, plus de subventions!) et lobligation davoir des billets à des prix abordables pour que la culture soit accessible au plus grand nombre (les artistes sacrifient une part de leur salaire à ce titre). Finalement cest le prix du billet qui est subventionné, donc les spectateurs.
Il est évident que la précarité dans laquelle le système néolibéral confine les artistes indépendants (jugés non rentables) est scandaleuse. Il illustre luniformisation culturelle et, plus globalement, limposition à toutes et à tous dune pensée unique à laquelle aspirent nos décideurs. Les luttes des intermittent-e-s rejoignent à ce titre toutes celles qui sopposent au rouleau compresseur néolibéral.
Martin BOEKHOUDT
Intervenant-e-s au débat
Gilles Karle,
directeur technique
Il a participé cet été avec sa troupe aux grèves du festival «in» dAvignon pour défendre le statut des intermittent-e-s, attaqué par la réforme dAillagon. Il a été directeur technique des spectacles de Loichemol à lépoque de lAuberge de lEurope. Ancien directeur technique du centre dramatique national de Grenoble, il a parcouru lEurope avec diverses troupes, quelles soient de danse ou de théâtre. Il nous commentera le film projeté à 18 heures et partagera ses expériences de luttes en France.
Daniel Künzi, cinéaste
Membre de solidaritéS, il est lauteur dune dizaine de documentaires. Ses premiers films, Ignace Reiss, vie et mort dun révolutionnaire, (avec Vanessa Redgrave); Yvonne Bovard déportée en Sibérie (avec Marthe Keller), constituent une dénonciation du stalinisme. Certains de ses films explorent la face cachée de lhistoire de lHelvétie: Un Suisse à part, Georges-Henri Pointet (scénario Gilles Perrault); La Suisse et la guerre dEspagne, la solidarité; Des Suisses à laventure, avec de Gaulle. Il a aussi consacré un film à Porto Alegre: Ensemble le rêve devient réalité.
Catherine Gaillard,
conteuse professionnelle
Membre de solidaritéS, elle lutte depuis 1998 pour promouvoir le conte en tant que parole populaire vivante et le sortir du carcan infantilisant dans lequel la société bourgeoise du 19ème siècle la enfermé. Elle se produit particulièrement dans des festivals étrangers (France, Belgique, Liban). Elle a dernièrement participé au et promu le seul festival de contes de Suisse romande à Plan-les-Ouates. Elle traitera plus particulièrement de la difficulté des conditions matérielles auxquelles font face les artistes.
Eric Devanthéry,
metteur en scène
Il a mis en scène plusieurs pièces, dont Fragments Empédocle (Hölderlin) Anéantis (Kane), Supermarché (Srbljanovic). Il sintéresse particulièrement à la création contemporaine. Après une année à Berlin comme assistant de Thomas Ostermeier, il créée une troupe à Genève et effectue un travail quotidien. La troupe, en parallèle, cherche à ouvrir le théâtre à un autre public. Il a participé au groupe dintervention artistique contre le G8 (grosses têtes). Il traitera plus particulièrement de la situation des intermittent-e-s en Suisse.