Battue à mort, comme trop de femmes...

Battue à mort, comme trop de femmes…

Marie Trintignant, par sa fin tragique, a mis en lumière la réalité de la violence envers les femmes. Car les victimes de violences conjugale meurent en général dans l’anonymat, le silence des non-dits et le huis-clos familial. Sauf, avec une singulière régularité, quelques titres de brèves dans les quotidiens, invoquant en général une scène de ménage, une séparation dramatique, voire un suicide… lorsque l’agresseur met fin à ses jours. La sphère privée, qui est si souvent évoquée lorsqu’il s’agit de légiférer, d’informer et de concrétiser une véritable volonté politique pour prendre en compte la réalité des tragédies vécues par des femmes et leurs enfants et surtout l’obstinante réalité des chiffres, n’est pas un argument. Mais elle signifie encore le refus de beaucoup de voir là un des aspects les plus brutaux de la domination patriarcale et peut-être aussi l’illustration de la solidarité des hommes dans la violence. Si septante cinq femmes meurent ainsi chaque année en France, combien en Suisse? Et si la violence conjugale tue plus de femmes entre 16 et 44 ans que le cancer, les maladies cardio-vasculaires et les accidents de la route en Europe, qu’attend-on encore pour que le simple droit à la sécurité soit effectif et efficace?


Le billet de Gisèle Halimi dans Le Monde du 5 août rendait un sinistre écho à son article du Monde diplomatique d’août dans lequel elle répondait vertement aux attaques d’Alain Minc et d’Elisabeth Badinter contre le «complot» féministe. Il est de bon ton de douter de la domination masculine et de mettre en avant les violences féminines. Pourtant l’amant de Marie ne portait pas de traces de coups…


Dans ce même Monde diplomatique un journaliste mexicain révèle les enlèvements, tortures, viols et meurtres de centaines de femmes qui demeurent impunis. D’après son enquête, ils ont été commandités et commis par des notables de Ciudad Juarez. Amnesty Inernational vient à son tour de rendre un accablant rapport, dénonçant l’impunité de ces assassinats. Drogue, contrebande, pouvoirs économiques et étatiques sont semble-t-il liés pour écraser les femmes… Partout dans le monde.


Il n’y a pas de profil-type de l’homme violent contre sa compagne. On voit que même de fortes convictions protestataires contre l’ordre établi n’en prémunissent pas. Comme si une cloison étanche séparait toujours vie privée et vie publique, pour autoriser dans l’une ce qu’on dénonce dans l’autre.


Anita CUENOD et Maryelle BUDRY