À gauche toute! Un appel à lutter

À gauche toute! Un appel à lutter

Les élections nationales de cet automne interviennent dans un climat social et politique lourd, marqué par une série d’attaques brutales de la droite et du patronat. Les enjeux de ce programme de démontage social et de mise en cause des droits démocratiques sont extrêmement sérieux:

  • Montée du chômage – après la révision à la baisse des indemnités – qui s’accompagne d’une pression généralisée sur les conditions de travail, les horaires et les salaires;
  • 11e révision de l’AVS, avec élévation de l’âge de la retraite des femmes et mise en cause de l’indexation des rentes; annonce d’un calendrier d’élévation de l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans;
  • Révision de la loi LPP avalisant une réduction importante des prestations du IIème pilier;
  • Maintien d’un sytème d’assurance maladie particulièrement antisocial (primes indépendantes des revenus);
  • Paquet de cadeaux fiscaux voté au Chambres, qui ouvrent la voie à des coupes claires dans les dépenses de 3, 4, voire 6 milliards (!), au détriment des besoins de la population;
  • Nouvelle loi sur les étrangers (LEtr), qui inscrit le racisme d’Etat dans la législation…
  • Renforcement des mesures policières et liberticides contre les manifestations de rue qui visent à criminaliser les altermondialistes, comme à Davos, Lausanne et Genève cette année;
  • Et comme si tout cela ne suffisait pas… Référendum annoncé par l’UDC contre une assurance maternité fédérale déjà rabotée à l’extrême.

Face à la brutalité de ce programme réactionnaire, la gauche institutionnelle ne vise plus malheureusement qu’à limiter ou à différer les dégâts, qu’elle ne conteste plus sur le fond. Ainsi, ne rejette-t-elle pas – ou ne se donne-t-elle pas les moyens de combattre – la flexibilisation des horaires de travail, l’amputation progressive des indemnités chômage, le dépérissement de l’AVS, l’escroquerie répétée du IIème pilier, les cadeaux fiscaux aux riches et aux grandes entreprises, les caisses vides au détriment des prestations indispensables, une politique migratoire raciste, voire les dérives sécuritaires et liberticides… Il ne sert donc à rien d’attendre une résistance efficace des directions du PSS et des syndicats. Elles négocient «la politique du moindre mal», au sommet, à reculons, ou se contentent de coups de gueule et de journées de protestation sans lendemain. Pendant ce temps, le rouleau compresseur néolibéral continue d’avancer…


C’est pourquoi, il est décisif de reconstruire un front social capable d’organiser la résistance active de secteurs importants de la population. Les grandes mobilisations anti-guerres et altermondialistes montrent le chemin! En effet, seule l’action collective des salarié-e-s du public et du privé, des assurés sociaux et des usagers-ères des services publics, femmes et hommes, est de nature à modifier les rapports de forces d’ensemble. Pour cela, il est indispensable de s’entendre sur un agenda d’actions communes – au-delà de la manifestation du 20 septembre pour la défense des retraites à Berne ou du référendum populaire contre le paquet ficelé fédéral de Villiger – et de se doter d’instruments de mobilisation unitaires et démocratiques, dans l’esprit des forums sociaux. Pourquoi pas une première journée de grève nationale pour la défense des retraites, sur le modèle de la grève des femmes du 14 juin 1991?


Sur le plan électoral, nous avons contribué à lancer l’appel national «A gauche toute!», qui vise à rassembler les efforts de nos groupes genevois, neuchâtelois et vaudois, avec ceux du PdT/POP en Romandie et d’Alternative Liste à Zurich, autour d’objectifs politiques clairement définis. Ensemble, nous voulons nous donner les moyens de gagner cinq sièges à la gauche de la gauche, au Conseil National, ce qui nous permettrait de former un groupe parlementaire autonome. Ce groupe serait en effet en mesure de faire entendre une voix d’opposition aux Chambres, certes extrêmement minoritaire, mais en syntonie avec les manifestations sociales de résistance que nous soutenons et voulons contribuer à développer.


C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes engagés en faveur de listes uniques ou sous-apparentées dans les cantons de Genève et de Vaud, tout en continuant à affirmer nos spécificités politiques vis-à-vis de nos allié-e-s électoraux.


Jean BATOU