Casa Astra

Casa Astra : Un centre d'accueil sans distinction

Le 30 janvier dernier, Casa Astra, centre de premier accueil désormais situé à Mendrisio dans le canton du Tessin, inaugurait une nouvelle structure avec 24 places d’accueil. Invitée pour l’occasion à présenter ses oeuvres offertes en donation, Gloria Antezana, artiste peintre et militante de solidaritéS nous a offert son regard sur cette action.

Pourrais-tu nous décrire Casa Astra?

Gloria Antezana La première structure d’accueil Casa Astra a été ouverte en 2004 à Ligornetto par l’association Movimento dei Senza Voci qui fait partie du Mouvement suisse des sans-papiers. Réagissant aux manques de structures au Tessin pour celles et ceux qui perdent leur logement ou vivent dans des logements insalubres, Casa Astra a alors été fondée comme un centre de premier accueil, mettant à disposition des personnes en situation de précarité un toit et une aide, sans distinction d’origine.

Le centre accueille ainsi aussi bien des personnes dont le permis de séjour est précaire ou sans permis de séjour, que des étrangers·ères de passage ou des personnes suisses qui se retrouvent sans domicile pour des raisons variées, par exemple des jeunes en rupture familiale, des personnes qui présentent des problèmes de dépendances ou vivent une période économiquement difficile.

Jusqu’en 2007, Casa Astra a fonctionné exclusivement sur le volontariat puis a décidé de présenter un projet au canton afin de pouvoir pérenniser et professionnaliser ses activités. Grâce à des récoltes de fonds et au soutien du canton, Casa Astra a pu acquérir un nouveau lieu d’accueil à Mendrisio dans une ancienne Osteria, ce qui lui a permis de doubler sa capacité d’accueil. C’est de ce nouvel espace dont j’ai participé à l’inauguration le 30 janvier dernier.

 

 

Comment fonctionne le centre d’accueil?

Les personnes qui arrivent à Casa Astra viennent d’elles-mêmes où sont orientées par une des nombreuses associations ou institutions officielles qui collaborent avec le centre. Le principe est que le séjour est limité au maximum à 3 mois. Pendant ce laps de temps, les personnes accueillies ne reçoivent pas seulement un toit et de la nourriture mais également un soutien médical, juridique, une aide pour la gestion des finances personnelles ou à la réinsertion selon les cas de figure.

Casa Astra est ainsi pensé comme un espace de refuge, mais aussi comme un tremplin lorsque la situation le permet. Un accompagnement peut être maintenu après la sortie du centre et Casa Astra tient également une permanence téléphonique pour donner des conseils. Avec l’ouverture du nouveau centre, Casa Astra dispose désormais d’une serre, d’un potager et d’un verger ainsi que d’un atelier pour les petits travaux qui permettent, en plus des activités externes déjà organisées, de réinsérer les pensionnaires dans des activités sociales et de reconquérir l’autonomie.

Le centre fonctionne sur une structure de cinq employés en partie rémunérés et toujours avec un grosse équipe de bénévoles. Compte tenu de ses nouvelles capacités d’accueil, Casa Astra nécessiterait toutefois plus de personnel et de bénévoles pour pérenniser le suivi des prestations. Le centre nécessite en effet une présence 24 heures sur 24, 365 jours par année. Les recherches de fonds pour assurer le financement se poursuivent donc. Depuis son ouverture en 2004, Casa Astra a déjà accueilli 800 personnes.

 

 

Quelles sont les raisons qui t’ont poussées à t’investir pour Casa Astra, qu’est-ce qui t’a touché politiquement dans leur philosophie ?

J’ai connu Casa Astra par Lisa Bosia Mirra, opératrice sociale à l’OSEO [Œuvre suisse d’entraide ouvrière, ndlr] et fondatrice de l’association Firdaus qui récolte des fonds pour l’aide aux migrant·e·s en difficulté et soutient aussi financièrement le projet Casa Astra.

Comme je l’ai dit lorsqu’on m’a donné la parole lors de l’inauguration, j’ai moi-même été réfugiée, accueillie au Tessin après le départ de ma famille du Chili, suite à l’arrivée au pouvoir du dictateur Pinochet. J’ai rappelé à cette occasion que si certain·e·s n’avaient pas décidé d’agir, de désobéir au gouvernement suisse de l’époque qui voulait limiter l’accueil à seulement 200 réfugié·e·s chiliens pour tout le territoire suisse, je ne serais moi-même jamais arrivée en Suisse.

L’action de Casa Astra, qui a ouvert son premier centre sans soutien des pouvoirs politiques en ne comptant que sur les volontés militantes, je la trouve juste politiquement. On ne doit pas toujours attendre que les autorités veuillent bien nous écouter, mais savoir prendre les choses en main sans attendre, savoir désobéir s’il le faut.

J’ai également été touchée par l’approche qui consiste à ne pas faire de distinction, à ne pas demander d’où ou de quelle situation viennent les gens avant de les aider. C’est une approche non-classiste qui me parle car elle répond à quelque chose qui devrait être naturel et relève de notre simple humanité. De plus en plus de personnes se retrouvent aujourd’hui dans des situations d’exclusion dans lesquelles la perte du logement signifie souvent une déchéance sociale durable. Quel que soit notre parcours, on a besoin d’un toit pour rentrer dans la dignité.

Propos recueillis par la rédaction

 

Pour soutenir financièrement Casa Astra:
Movimento dei Senza Voce
6850 Mendrisio
CCP 65–9483–6