Vivons-nous sous un régime à parti unique ?

Hier, je recevais mon énième tout-ménage de l’UDC. En plus de toutes les affiches et pubs dans les journaux qui me tiennent « informée » des raisons pour lesquelles je devrais voter pour eux, je constate que les journaux nous informent beaucoup plus des faits et gestes de M. Blocher, des prises de positions du PARTI que de celles de tous les autres partis et politiciens.

Dans son dernier ouvrage « Sois parfait ou rentre chez toi », Innocent NAKI démontre, et dénonce, l’omniprésence du débat sur la délinquance des étrangers dans les médias (notamment Le Matin et la TSR) ainsi que la manière partiale dont cette information est traitée. La parole est très peu donnée aux personnes étrangères , qu’elles soient des victimes (dont on tend à minimiser la souffrance) ou qu’elles soient impliquées dans des actes de délinquance (actes qui ne font d’ailleurs pas l’objet de véritables enquêtes journalistiques). Bref, c’est toujours les mêmes qui ont la parole et qu’on croit sur parole.Dans le cadre de ces élections fédérales, j’ai l’impression d’un désagréable REMAKE de ce qui se passe dans la création du thème « délinquance étrangère » et de son traitement.

Ici aussi, la parole est très inégalement distribuée. Comme dans un régime autoritaire, ceux qui n’appartiennent pas au PARTI (rôle tenu ici par l’UDC) ont peu la parole et ne font pas l’événement. A croire que eux ne proposent rien, ne sont pas en colère contre tel ou tel aspect de notre société, etc. Je suis pas fan du PRD, du PDC, des libéraux, etc. Il n’empêche qu’il me paraît essentiel que la population suisse ait un large accès à l’ensemble des discours des partis. Or non seulement l’UDC a une force de frappe publicitaire comparable à nulle autre, elle mène le bal jusque dans les rubriques politiques des médias. D’ailleurs, à l’exception notable de la presse indépendante (par exemple LE COURRIER) , très peu d’enquêtes journalistiques de fond sur la société suisse et les conséquences d’une application plus entière encore du programme de ce parti. On a par exemple peu entendu parler de leur proposition d’une retraite à 70 ans pour tous.
Bref, c’est un peu comme si on croyait sur parole leur babla publicitaire et que les thèmes qu’ils mettent en avant sont réellement ceux qui sont les plus importants pour eux comme pour nous.

Quels moyens nous donnerons-nous pour vivre à l’avenir dans une démocratie qui n’affiche pas un multipartisme de façade ?
Il me semble qu’au terme de cette campagne où l’UDC est apparue comme un annonceur publicitaire de première ordre, cette question se pose avec la plus grande acuité car la survie économique des journaux gratuits dépend de leurs annonceurs. Paierons-nous le prix des gratuits par l’émergence d’un régime à parti unique ?