Société de l’information: manifestation interdite

Société de l’information: manifestation interdite

Le 12 décembre dernier, un rassemblement de protestation contre la tenue à Genève du Sommet Mondial de la Société de l’Information a été brutalement réprimé par les forces de police, massivement présentes sur place. Nous publions le communiqué rédigé par les manifestantes et les manifestants présents lors de l’action. (réd)


Pour protester contre la tenue, à Genève, du Sommet Mondial de la Société de l’Information, un rassemblement devait avoir lieu à midi sur la zone piétonne du Mont-Blanc. Le collectif organisateur avait appelé à s’y rendre muni de déguisements colorés: l’ambiance devait être à la fête, malgré la gravité des enjeux du sommet.


Avant même l’arrivée des manifestant-e-s, la police était massivement présente sur le lieu du rendez-vous. Elle a entrepris de contrôler l’identité de toute personne «suspecte» selon ses éternels critères (âge, apparence, origine…). Lorsque deux manifestants isolés ont voulu dérouler une banderole, celle-ci a été brutalement confisquée par les forces de l’ordre.


Malgré les nombreuses tentatives des manifestant-e-s, la police a catégoriquement refusé toute négociation. La proposition de convertir la manifestation en discussion ouverte sur les lieux mêmes a également été écartée avec intransigeance. Trois personnes ont été interpellées sans aucun ménagement; l’une d’entre elles est toujours détenue. La manifestation a finalement été dissoute mais, refusant d’être chassé-e-s d’une rue de leur ville, les participantEs ont entamé des chansons traditionnelles pour l’occasion et tenté de faire une ronde. La police est alors intervenue physiquement, refoulant les danseurs-euses dans une ruelle.


Une fois de plus, la preuve a été faite que certain-e-s habitant-e-s de Genève sont interdit-e-s de rue depuis les manifestations du G8. Certains doivent donc demander l’autorisation de s’exprimer et de se rassembler sur la voie publique. Nous refusons de devoir demander une autorisation pour exprimer notre désaccord; se rassembler, s’exprimer sont des droits fondamentaux que nous continuerons d’exercer!


Ce qui s’est passé aujourd’hui est particulièrement grave et s’inscrit dans une logique répressive de plus en plus forte. Cela constitue une nouvelle entrave aux libertés fondamentales de s’exprimer et de manifester son désaccord. C’est d’autant plus inquiétant que ces sommets continuent de se revendiquer «ouverts et démocratiques». Mais cela reflète aussi, à y bien regarder, le défaut de légitimité dont ils souffrent. Les ONG qui avaient l’habitude de leur servir de bonne conscience claquent la porte les unes après les autres ou sont chassées pour être trop critiques (Reporters sans frontières). La contestation de rue, elle, est purement et simplement réprimée.


Nous n’aurons pas pu dénoncer le fait que le SMSI rassemble des tyrans, des faiseurs de guerre, des criminels et des multinationales indifférentes aux droits fondamentaux. Nous n’aurons pas pu dire que les thèmes essentiels relatifs à la question de l’information (droit à la diversité culturelle, partage de l’information, danger de la concentration des médias, droits humains, etc.) ne seront pas abordés au sommet. De plus, le SMSI, en voulant réduire la «fracture numérique», contribue à ouvrir de nouveaux marchés et impose la logique de consommation à la planète entière. Enfin, il aurait fallu dire que le prochain SMSI se tiendra en Tunisie, pays qui ne respecte pas les droits fondamentaux de la personne, sans parler de la liberté de la presse!


Liberté de manifester, se rassembler et exprimer son désaccord!


Pas de sommet pour les tyrans!


Des manifestant-e-s