LGBT.asile - intersectionnalité

LGBT.asile - intersectionnalité : Ensemble contre l'homophobie, le sexisme et le racisme

D’aucuns se souviendront que l’émergence d’un front pour la défense des droits LGBT en Occident est née de l’insurrection de la communauté trans dans les années 60 face à un système juridique homophobe soutenu par des autorités persécutant la communauté LGBT à New York. Dans un contexte de révolution sexuelle, de mouvement de libération des femmes, d’émergence du Black Power et sur fond de jeunesses révolutionnaires contre la guerre du Vietnam, les émeutes de Stonewall furent les prémisses de la première Gay Pride de 1970 et de l’unification des luttes de genres, de classes, d’ethnies et de générations.

Alors que la lutte pour le mariage pour tous ravive les tendances conservatrices à travers l’Europe et que cette dernière vit une arrivée importante de migrant·e·s, plusieurs témoignages de personnes réfugiées ainsi que des propos tenus sur des sites de rencontres mettent en exergue la montée de la xénophobie qui gangrène petit à petit la communauté LGBT occidentale. La dernière enquête GMFA (gay men’s health charity) montre que 80 % des hommes noirs gays ont été victimes de racisme au sein même de la communauté. Fort heureusement, en réaction à cela on assiste à l’émergence d’associations LGBT communautaires dont le but est de lutter contre cette double oppression: homophobie et racisme.

Le collectif LGSM Lesbians & Gays support the miners, par exemple, est issu du soutien des LGBT à la lutte des mineurs sous l’ère Thatcher, et défend désormais les personnes migrantes que Cameron tente de diaboliser sous le prétexte mensonger qu’elles·ils seraient hostiles aux droits LGBT occidentaux. Une instrumentalisation de l’homophobie qui n’est qu’un moyen supplémentaire pour justifier les interventions militaires en Syrie de nos gouvernements, par ailleurs toujours opposés à l’émancipation des personnes LGBT.

 

 

Droits LGBT et droit d’asile en Suisse

La double discrimination dont sont victimes les demandeuses et demandeurs d’asile LGBT engendre le silence et l’incrédibilité. En matière de politique migratoire suisse, la non-entrée en matière concernant le droit d’asile pour motif de persécution homophobe est révélatrice du peu d’importance accordée à cette persécution pourtant destructrice. A­ contre-courant de cette tendance, la Coordination asile.ch et la Fédération genevoise des associations LGBT se sont récemment unies dans un mouvement qui a pour objectif de déterminer les besoins spécifiques des personnes LGBT migrant·e·s à Genève. Une permanence est ouverte les jeudis de 14 h à 18 h dans les locaux de 360 °, au 36 rue de la Navigation (lgbt.asile.ch).

Les avancées occidentales en faveur des droits LGBT ne doivent pas être considérées comme acquises mais plutôt renforcer la solidarité entre les différentes communautés. Il s’agit, plus que jamais, de mettre en commun les forces des populations discriminées: racisme, homophobie, sexisme, classisme. Les fronts minoritaires doivent s’unir dans une convergence des luttes face à la domination sociale et contre l’impérialisme. Gagner nos droits certes, mais sans bafouer les droits des autres minorités.

Marjorie Blanchet