Féminin - Masculin / 8 mars

Féminin - Masculin / 8 mars : Le salaire minimum: une mesure féministe

Mesure cruciale pour celles et ceux dont le revenu ne permet pas de vivre malgré un travail à 100 %, le salaire minimum concerne en majorité des femmes, principales victimes des bas salaires.


Le salaire minimum est de 19,60 francs dans le nettoyage. – Benjamin Reay

Adaptant la méthode de calcul neuchâteloise, Ensemble à Gauche a déposé le 2 février 2018 un projet de loi pour un salaire minimum horaire de 23 francs de l’heure dans le canton de Genève. Porté par la Communauté genevoise d’action syndicale, un projet au contenu similaire devrait également aboutir au lancement d’une initiative dans les prochaines semaines.

Vers une réduction des inégalités salariales entre femmes et hommes

Les écarts salariaux sont particulièrement élevés dans les professions traditionnellement les mieux rémunérées. Mais un rapide coup d’œil à la liste des branches qui forment le foyer des bas salaires ne laisse place à aucun doute: les faibles revenus se concentrent dans les domaines traditionnellement féminisés du secteur tertiaire.

Résultat: les femmes représentent les deux tiers des personnes gagnant moins de 4000 francs par mois pour un équivalent plein temps.

Une réalité que les quelques conventions collectives de travail conclues dans ces secteurs ne parviennent d’ailleurs pas à contrecarrer. Le salaire minimum horaire pour le personnel non diplômé est de 18,78 francs dans l’hôtellerie-­restauration, de 19,60 francs dans le nettoyage et démarre à 21,65 francs dans le commerce de détail. Si certaines de ces branches bénéficient d’un 13e mois, on reste loin d’un salaire permettant de vivre de son travail. D’autant plus que ces métiers sont connus pour leur forte proportion de temps partiels imposés, qui réduisent encore le maigre salaire escompté.

En cause, l’héritage d’un lourd passé dans lequel le revenu du travail des femmes était appelé à se fondre dans le salaire familial et ne devait en constituer qu’un «appoint». S’ajoute la naturalisation des compétences liées à la socialisation féminine, qui se trouvent ainsi invisibilisées et non reconnues comme telles, et plus largement une déconsidération pour les tâches massivement exercées par des femmes.

La conséquence en est une surreprésentation des femmes, et particulièrement des femmes migrantes, dans les statistiques de la pauvreté. A Genève, les femmes forment 55 % des personnes forcées de recourir à l’aide sociale.

L’introduction d’un salaire minimum légal, un premier pas

Preuve de son efficacité, c’est en 1999, année de l’introduction d’un salaire minimum, que le Royaume-Uni a connu la réduction la plus importante de l’écart salarial entre hommes et femmes.

Le salaire minimum n’est évidemment pas la réponse à toutes les inégalités. Il ne résoudra pas le problème des temps partiels imposés, pas plus qu’il ne luttera contre la précarisation des femmes sans travail salarié ou la double journée de travail.

En relevant le salaire d’une femme sur huit en Suisse, il constitue néanmoins un premier pas vers plus d’égalité et améliorera concrètement la situation économique de milliers de femmes de ce pays.

Audrey Schmid