Portugal

Portugal : Emigrés lésés en lutte pour retrouver leur épargne

De nombreux portugais·e·s, notamment en Suisse, risquent de perdre toute leur épargne placée auprès de la Banque Espirito Santo avant sa faillite (aujoud’hui devenue Novo Banco). Ils·elles se sont organisés au sein du Mouvement des Emigrés Lésés pour faire entendre leur voix et réclamer que leur argent leur soit rendu. Notre rédaction s’est entretenue avec l’un d’eux, Bruno Barbosa.

Peux-tu nous expliquer comment en est-on arrivé à cette situation?

Bruno Barbosa:  Cela découle de trois facteurs prinicipaux. Premièrement, des activités financières illicites menées par l’ancienne Banco Espirito Santo (BES) qui a placé les épargnes de ses client·e·s – en collaboration avec le Credit Suisse – dans des produits financiers complexes. Deuxièmement, des fautes commises par les autorités de régulation des marchés financiers au Portugal. Leur manque de surveillance a permis à l’ancienne BES, avant sa faillite, d’investir l’épargne de ses client·e·s dans ce type de produits « poubelle ». Enfin, à cause d’un certain manque de volonté politique, notamment du gouverneur de la Banque du Portugal (nommé par le Gouvernement et principal actionnaire du « Fonds de Résolution », entité publique propriétaire de la nouvelle Novo Banco), et qui bloque aujourd’hui le versement aux émigré·e·s lésés de l’argent qui leur appartient.

Il faut rappeler que, lors de la création de Novo Banco, ces produits ont transité sous sa responsabilité et que des provisions ont été prévues. Aujourd’hui, probablement pour ne pas affecter les ratios de liquidités de la nouvelle banque, l’argent reste bloqué.

 

Qu’exigez-vous de la part de la banque ainsi que des autorités portugaises?

De la part de la banque nous exigeons la dévolution intégrale de notre épargne, via des versements dans des comptes épargne. Des autorités portugaises nous exigeons un support et des actions concrètes, puisque nous estimons que les autorités portugaises sont également responsables de nos pertes. Deux semaines avant sa faillite, le président et le premier ministre portugais ont affirmé publiquement que la BES était une banque «solide», qui «avait les fonds nécessaires pour faire face à toutes ses responsabilités» et que les client·e·s pourraient y laisser leurs capitaux «sans craintes».

La réponse de Novo Banco, arrivée fin juillet 2015 soit un an après sa création, est jugée inacceptable par notre mouvement. En résumé, elle prévoit le remboursement de seulement 30 % de notre capital après 6 ans ; le placement du 60 % de notre épargne dans des obligations de la banque Novo Banco, soit des produits « poubelle » sans garantie de remboursement ; la perte nette des 10 % restants et enfin la renonce expresse à toute éventuelle poursuite judiciaire des lésé·e·s contre la Novo Banco.

Pendant longtemps, le silence a été la principale réponse du gouvernement. Tout dernièrement, ils ont «recommandé» aux lésé·e·s de «recourir aux tribunaux».

 

Vous vous êtes regroupés au sein du Mouvement des émigrés lésés pour faire entendre votre voix. Comment comptez-vous poursuivre votre mobilisation?

Aujourd’hui, nous avons déjà réussi à nous organiser au sein d’un mouvemement. Maintenant nous avons l’intention de continuer nos manifestations publiques dans toute l’Europe. En parallèle, nous entamons des actions judiciaires contre la Novo Banco, la Banque du Portugal et l’Etat Portugais. Une action auprès du Tribunal de Justice Européen n’est pour l’heure pas non plus exclue. 

Bien entendu, nous souhaterions avoir la possibilité d’entamer des négociations « justes » avec la Novo Banco, qui nous permettraient de retrouver l’intégralité de notre capital, sans risque et sans devoir recourir aux tribunaux. Pour l’instant, ceci n’a malheureusement pas été possible.

 

Pour plus d’informations :

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