Le spécisme, une discrimination oubliée?

Nous publions ci-dessous un article qui présente les thèses de Pour l’égalité animale (PEA), le collectif organisateur de la marche contre le spécisme («racisme» de l’espèce humaine à l’égard des animaux) du 22 août prochain à Genève. Nous nous associons à la dénonciation de l’agrobusiness et de l’élevage industriel; de même, nous sommes favorables à des dispositions légales beaucoup plus strictes pour la protection des animaux; pour ces deux raisons, nous appelons sans réserve à participer à cette action. En revanche, le végétalisme (ou véganisme) qui préconise de s’abstenir de la consommation de tout produit d’origine animale ouvre un débat qui mérite notre attention [réd.]

[..]  Par analogie au racisme  et au sexisme, le concept de spécisme désigne l’idéologie qui considère que la vie et les intérêts des animaux peuvent être négligés uniquement parce qu’ils sont d’une autre espèce que la nôtre.

Le spécisme entretient des liens étroits avec les discriminations intrahumaines en ce qu’il mobilise les mêmes mécanismes. En effet, ces idéologies se nourrissent toutes de l’essentialisation d’une catégorie arbitrairement choisie et permettent de cristalliser des rapports de domination. De nombreuses recherches en sociologie démontrent les liens existant entre ces inégalités et prouvent ainsi que les idées racistes, sexistes, et spécistes s’alimentent mutuellement.

Le spécisme est une idéologie violente qui légitime que l’on inflige aux animaux une exploitation sans pareille: ils sont élevés pour être tués dans des abattoirs, utilisés comme du matériel biologique pour l’expérimentation ou comme objets de divertissement dans les cirques, etc. Il s’agit désormais de prendre au sérieux la question animale et d’engager une lutte globale pour l’avènement d’une société égalitaire pour toutes et tous.

Un véritable combat pour la justice sociale et l’égalité se doit de prendre en compte le sort réservé aux animaux non humains. Ceux-ci ressentent la souffrance, le plaisir, expérimentent des émotions, ont des désirs, des préférences, une personnalité propre et font une expérience subjective de leur vie. On sait aujourd’hui que les attributs que l’on croyait autrefois réservés aux seuls humains tombent les uns après les autres : conscience, capacité à manier des outils, transmission de culture, empathie, etc.

Nous sommes tous·tes égales et égaux devant la souffrance. Il est donc nécessaire de questionner notre rapport aux autres êtres sensibles avec lesquels nous partageons cette planète.

S’attaquer au spécisme, c’est inclure les animaux dans le cercle de considération morale et commencer à les voir non pas comme une ressource, mais comme des individus à part entière ayant un intérêt à vivre une vie la plus longue et la plus heureuse possible. Le profit et les traditions humaines ne sauraient justifier que l’on s’approprie et que l’on se serve de ces individus. L’exploitation animale est indéfendable et doit donc être abolie.

Pia Shazar  membre de PEA

Coupures de la rédaction

 

Le 22 août, dans le cadre de la Journée mondiale pour la fin du spécisme, l’association PEA organise une marche à Genève.

13 h 30 place de la Navigation

 

Des conférences auront également lieu du 21 au 23 août (voir agenda).

 

Pour aller plus loin  J. Fernandez, « Spécisme, sexisme et racisme. Idéologie naturaliste et mécanismes discriminatoires » Nouvelles Questions féministes 34/1