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USA : Vers une vaste alternative de Gauche au parti démocrate

Environ 200 mi-li-tant·e·s de diverses organisations de gauche se sont réunis les 2 et 3 mai à Chicago, en vue de forger une vaste alternative politique à la gauche du parti démocrate.

Face à l’omniprésente crise économique et sociale, au large soutien du public à des mouvements tels que Occupy Wall Street, Black Lives Matter, à la lutte pour un salaire minimum de 15 $ l’heure, ainsi qu’aux succès récents des campagnes de la gauche indépendante, la conférence s’est montrée optimiste quant à la possibilité de présenter des can­di­dat·e·s de gauche et de remporter des élections locales, mais aussi d’asseoir une plus grande présence de la gauche en aidant les mouvements sociaux à s’organiser et à s’étendre. 

La politique américaine a été dominée pendant plus de cent ans par les partis démocrate et républicain. Contrairement à bon nombre d’autres pays, les Etats-Unis n’ont pas de parti communiste ou socialiste important et quand bien même certains groupes socialistes présentent des candidats aux élections nationales, ils n’en sont pas moins très marginaux. Les groupes issus des courants communiste et maoïste ont d’ordinaire œuvré au sein du parti démocrate à la manière du Front populaire des années 1930, mais ont parfois soutenu des candidats indépendants. Les partis de gauche réellement dynamiques, tels que le Green Party (Parti Vert) à l’échelle nationale ou le Peace & Freedom Party (Parti de la Paix et de la Liberté) en Californie, sont petits et obtiennent rarement cinq pour cent des voix aux élections fédérales.

 

 

Futur de la gauche et représentation électorale

 

Participant à la Conférence sur le futur de la gauche politique indépendante, dans un esprit de coopération sans précédent, des candidats nationaux, fédéraux, locaux et des mi­li­tant·e·s, ainsi que les re­pré­sen­tant·e·s élus des partis (Green Party, Peace and Freedom Party, Richmond Progressive Alliance, Socialist Alternative, Vermont Progressive Party, Progressive Democrats of America et Justice Party) ont parlé des problèmes liés aux campagnes électorales et de la difficulté d’exercer leurs fonctions tout en essayant de générer des mouvements sociaux et de promouvoir des politiques progressistes. 

Un certain nombre de personnalités influentes de la politique indépendante étaient présents. Kshama Sawant, de Socialist Alternative, membre du conseil municipal de Seattle, occupée par sa campagne de réélection dans l’Etat de Washington, s’est adressée au groupe par liaison vidéo. Jill Stein, ancienne candidate du Green Party à la présidence et Rosa Clemente, ancienne candidate du Green Party à la vice-présidence, ont pris la parole, ainsi que Howie Hawkins, candidat en 2014 au poste de gouverneur de New York. Hawkins a récemment obtenu cinq pour cent des voix pour ce poste.

Søren Søndergaard de l’Alliance Rouge-Verte du Danemark a transmis des salutations internationales; Sascha Nemseff Villagrán, membre de Podemos (Etat espagnol)  et Alan Akrivos de Socialist Alternative et membre de Syriza ont parlé des problèmes auxquels sont confrontés ces partis qui se trouvent au centre du combat contre l’austérité en Europe.

 

 

Sanders Président ?

 

Récemment annoncée, la campagne de Bernie Sanders pour l’investiture présidentielle n’était pas à l’ordre du jour, néanmoins il est vite devenu le sujet de discussion de plusieurs sessions. Ce sénateur indépendant du Vermont, candidat aux primaires démocrates, se désignant comme socialiste, a adressé ses vœux à la conférence. Après le refus d’Elizabeth Warren, qui avait fermement pris position contre les inégalités économiques, de se présenter aux élections présidentielles, Sanders est devenu le porte-­étendard des Démocrates qui souhaitent que l’accent soit mis sur la création d’emplois et l’augmentation des salaires.

Dans les dix-huit mois à venir, la question de savoir comment la gauche se situera par rapport à la campagne de Sanders – qui pourrait toucher et engager des millions de progressistes – sera passionnante. Certains pensent que Sanders, qui s’associe aux Démocrates au Congrès, n’est indépendant que de nom. D’autres estiment que s’il s’est prononcé sur le besoin de programmes gouvernementaux pour reconstruire le pays et créer des emplois et qu’il a des positions progressistes en matière d’environnement, il ne s’est pas beaucoup fait entendre sur le racisme et, pour ce qui est de la politique étrangère, il est partisan d’Israël.

Certains ont déclaré qu’ils appuieront la campagne de Sanders parce qu’elle abordera les questions importantes et contribuera au militantisme, d’autres estiment, selon la formule utilisée par Bruce Dixon du Green Party de Géorgie, que Sanders est « un chien berger » qui a pour tâche – comme le Révérend Jesse Jackson et Dennis Kucinich dans les élections précédentes – d’attirer les personnes qui ont erré vers la gauche, en réaction aux politiques intérieures et étrangères rétrogrades des Démocrates, et les ramener au bercail, c’est-à-dire au sein du parti démocrate. 

Un groupe syndicaliste s’est formé pour Sanders. Reste à savoir si l’un ou l’autre des principaux syndicats s’associera à la campagne. Les syndicats ont toujours été les plus importants soutiens financiers de ses campagnes pour le Sénat, toutefois, s’ils estiment que Sanders pourrait de quelque manière porter préjudice à la campagne de Hillary Clinton pour l’investiture du parti démocrate ou pour la course  à la présidence, ils le délaisseront, quand bien même il a déjà promis qu’il appuierait le candidat désigné du parti démocrate.

La Conférence sur l’avenir de la gauche et ou de la politique indépendante représente un pas en avant important non seulement pour le développement de la politique indépendante en Amérique mais aussi pour la cohésion de la gauche. L’enjeu à présent est de trouver des moyens de faire en sorte que les organisations et les individus qui ont participé à la conférence maintiennent et animent le réseau que nous avons établi, tout en poursuivant nos activités au sein des mouvements locaux et des campagnes politiques indépendantes. 

 

Dan La Botz