Bobst

Bobst : Le ras-de-bol

En manifestant silencieusement sur le site de Mex, le mercredi 29 avril, les salarié·e·s de Bobst, peu accoutumés à ce genre d’exercice, ont fait connaître un vrai ras-le-bol des méthodes et des mesures de la direction. Nous nous sommes entretenus à ce propos avec un salarié de l’entreprise.

Malgré la brièveté de la manifestation, un quart d’heure, et la discrétion qui devait l’entourer, peut-on dire que quelque chose a changé chez Bobst?

Sans doute, même si rien n’est gagné d’avance. Mais le nombre des manifestants était très important et ils venaient vraiment de toute l’entreprise. Dans ce sens, oui, c’est quelque chose de nouveau pour Bobst.

 

 

Comment expliques-tu cette réaction?

Il y a des éléments de fond, qui tiennent au management « à l’américaine » introduit par l’actuel patron, Jean-Pascal Bobst, qui a succédé à une direction à l’ancienne, plus paternaliste à l’égard de « ses » employés. Maintenant, c’est beaucoup plus brutal.

 

 

As-tu un exemple à donner?

Justement, ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’annonce de la réduction d’un certain nombre d’acquis, comme la prime d’ancienneté accordée tous les cinq ans, 4500 francs quand même, avec 500 francs en plus à chaque échéance, ou celle de départ à la retraite (450 francs par année d’ancienneté). Les deux sont rabotées de 80 %. A quoi s’ajoute le gel des salaires en 2015. Tout ça, prétendument à cause du franc fort. Mais en même temps, tu apprends que le bénéfice à doublé en 2014 et que le dividende lui aussi suit la même courbe; tu as vraiment l’impression qu’il y a deux poids deux mesures. Ce qui explique la grosse participation à la dernière assemblée du personnel où il y avait bien 750 personnes.

 

 

La direction fait pourtant état d’un plan d’économies pour le groupe?

Ce n’est pas le premier ni, certainement, le dernier. Mais l’assemblée des actionnaires a aussi été informée de l’agrandissement de l’usine de Pune en Inde et de la construction d’une nouvelle usine en Chine, en plus de celle qui existe déjà à Shanghaï. Ça ne donne pas vraiment l’image d’un groupe aux abois, qui serait contraint, la main sur le cœur, d’en s’en prendre à son personnel. Ce sont clairement des choix stratégiques, qui révoltent les gens.

Prends l’exemple de la tôlerie, dont on a annoncé la fermeture, ce qui touchera une centaine de personnes, dont l’avenir est en suspens. A l’avenir, la tôlerie devrait être sous-traitée, mais on ne sait pas où. En attendant on leur demande de faire régulièrement des heures supplémentaires !

 

 

Penses-tu que la lettre de protestation remise à la direction aura des effets?

Ça m’étonnerait, il faudra bien plus pour la faire reculer. Donc, vaincre la peur et remettre la pression encore une fois. 

 

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Dans son Profil 2015, l’entreprise explique fièrement :

 

La vision de l’entreprise doit être suffisamment forte pour motiver nos employés et les inciter à s’engager personnellement. Si elle emporte l’adhésion de tous, elle est le moteur de notre succès et contribue à jeter les bases de la prochaine génération […]

Nous tenons à remercier l’ensemble de nos collaborateurs pour leur professionnalisme et leur implication, ainsi que pour leur détermination à assurer le succès de l’entreprise.

 

On sait sous quelle forme ces remerciements ont été transmis…