Cannabis

Cannabis : Les impasses de la prohibition

Cédant au climat sécuritaire ambiant, la majorité rose-verte lausannoise promettait en 2012 de faire disparaître le deal de rue, en augmentant la répression policière. S’appuyant sur les conclusions de la Commission mondiale sur la politique des drogues qui dénonçait, en 2011, l’échec cuisant de la répression menée depuis 50 ans, le groupe La Gauche (POP et solidaritéS) au Conseil communal de Lausanne s’est au contraire engagé pour le développement d’une politique fondée sur la prévention et la réduction des risques.

Parmi nos propositions, un postulat, accepté au début du mois, demande que les autorités lausannoises rejoignent la démarche, initiée par les grandes villes du pays, en faveur d’un projet-pilote de tolérance de la consommation de cannabis. Le succès de ce postulat contraste de manière bienvenue avec les dérapages répressifs constatés ces derniers mois, notamment un contrôle policier, impliquant un chien renifleur, à la sortie d’une école.

 

 

Pour une dérogation à la LStup

 

L’idée serait d’obtenir une dérogation à la Loi sur les stupéfiants pour ouvrir, par exemple, un coffee-­shop sur le modèle hollandais, où les clients majeurs peuvent acheter jusqu’à 5 grammes par jour; ou encore un cannabis social club, sur le modèle espagnol, soit une association à but non lucratif, composée de personnes majeures, qui gèrent la production et la distribution de cannabis pour les besoins personnels de leurs membres.

La tolérance de la consommation de cannabis permettrait de réduire le deal de rue, dont presque trois-quarts est lié à la vente de chanvre. Celui-ci génère d’importants dégâts sociaux, dans la mesure où il est en partie contrôlé par des organisations criminelles. La tolérance de la consommation de cannabis permettrait aussi de mettre sur pied, en parallèle, une politique de prévention, seule à même de réduire les risques de dépendance.

 

 

Une droite hypocrite 

 

A quelques exceptions près, les élus de droite ont fait bloc contre cette proposition, au nom de la protection de la jeunesse. Il s’agit d’une argumentation particulièrement hypocrite, quand on sait que la forte répression du cannabis conduit à une fusion de ce marché avec celui des drogues dures, comme l’héroïne; c’est ce qui s’est produit en Suisse depuis 2008, avec le refus de la loi en faveur d’une réglementation. Les consommateurs sont donc potentiellement plus facilement amenés à essayer d’autres substances, plus dangereuses.

La réglementation permettrait au contraire d’introduire une distinction forte entre les différents marchés, et de contrôler la qualité des produits vendus. Il faut enfin rappeler que la politique répressive actuelle n’a pas limité la consommation de cannabis chez les jeunes; ces dix dernières années, elle a même triplé chez les 15–19 ans. 

 

Hadrien Buclin