Pourquoi multiwatch à Bâle?

MultiWatch a été fondé en 2005 dans le but de mettre en évidence les violations des droits humains par les multinationales suisses. Les violations des droits syndicaux (art. 23 al. 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme) et du droit à l’alimentation (Art. 25 al. 1) concernent en particulier les multinationales suisses. Ainsi, MultiWatch s’est occupé jusqu’ici de Nestlé, Holcim et Glencore.

En créant un groupe régional bâlois, Multi­Watch veut cibler des multinationales bâloises Roche et Novartis et informer sur la multinationale de l’agrobusiness Syngenta. La nouvelle tour de Roche domine la ville de ses 163 mètres et ressemble à cette Tour de Babel de Brueghel, qui jadis, dans la Bâle verte, symbolisait les tours de refroidissement de Kaiser­augst dont la construction a été bloquée.

Le bâtiment symbolise, comme le nouveau campus postmoderne de Novartis, les rapports de pouvoir dans la ville avec le prétendu succès de la politique urbaine néolibérale qui entend faire de Bâle la «capitale mondiale des sciences de la vie». L’intention de Roche de bâtir une tour plus haute encore est saluée avec enthousiasme comme engagement «durable» de cette multinationale pour la ville de Bâle.

Syngenta veut aussi construire un nouveau siège face à la gare de badoise. Même la récente annonce par Syngenta de la suppression de 1800 emplois, dont 500 au siège de Bâle, n’a pas troublé l’optimisme du gouvernement bâlois. Syngenta délocalise la plupart de ces 500 emplois à Manchester et en Hongrie où les coûts sont inférieurs. Le gouvernement bâlois a été informé d’avance et le Conseiller d’Etat Brutschin (PS) a montré sa compréhension pour le contexte économique difficile pour la multinationale. L’amour sincère tient dans l’adversité. Ainsi, Bâle n’a pas renoncé au partenariat avec Syngenta pour l’Exposition universelle 2015 à Milan.

 

 

Une des régions les plus riches du monde

 

La restructuration néolibérale de l’industrie chimique a comporté une redistribution géographique, avec gagnants et perdants. Aujourd’hui, Bâle est une des régions les plus riches au monde et un centre international de décision et de recherche de l’industrie des « sciences de la vie ». La production a largement quitté Bâle et avec elle les travailleurs·euses traditionnels de la chimie. Il est devenu rare que cela pue dans la «Capitale mondiale des Life Sciences ».

Les mesures de sécurité ont été renforcées après la catastrophe de Schweizerhalle en 1986. Pour le respect des droits humains il est vital que les multinationales bâloises appliquent dans les pays du Sud les mêmes normes strictes de sécurité qu’en Suisse. Au Sud, cette même restructuration néolibérale a conduit à une industrialisation accrue de l’agriculture, à l’imposition des règles de libéralisation du commerce de l’OMC et de protection des brevets selon le TRIPS ainsi qu’au déplacement forcé de petits paysans et de paysans sans terre.

Beaucoup de gouvernements, comme l’actuel gouvernement BJP en Inde soutiennent l’ouverture néolibérale, considérant les déplacements forcés des paysans comme un prix à payer pour l’entrée dans l’économie néolibérale mondiale. La conversion vers l’agriculture d’exportation des pays du Sud doit contribuer au paiement de leurs dettes. Le gouvernement de l’Inde, « la plus grande démocratie du monde », abandonne ses compétences de politique économique au profit de la Banque mondiale et de l’OMC. Le commerce mondial de l’agriculture est parmi les plus importants ennemis de la démocratie au monde !

 

 

Contre la chape de plomb

 

On ferme trop les yeux sur la complicité des multinationales bâloises dans cette évolution. En effet c’est sur ce changement que se base le compromis social avec lequel Bâle est gouverné. (Harvey parle d’une «alliance de classes» dans les villes néolibérales). Il est évidemment difficile de sortir de la logique d’argumentation du discours hégémonique néolibéral. La Regio Bâle est aujourd’hui le plus grand pôle des sciences de la vie en Europe avec environ 40 000 places de travail en dépendant. 23 % du PIB de la région provient directement des sciences de la vie et au total 50 % du PIB en dépend.

La part des multinationales dans les rentrées fiscales bâloises est immense et la responsable des finances Eva Herzog reconnaît que l’état positif des caisses de l’Etat est largement dû à la bonne situation économique des sciences de la vie. L’orphelin et apprenti Pip dans Les grandes espérances de Charles Dickens reçoit de manière inattendue un gros patrimoine. Ce n’est que plus tard qu’il découvre que c’est le cadeau d’un criminel. Le refoulement joue aussi un rôle et la chute de Pip en est d’autant plus profonde. Avec la création d’un groupe régional bâlois de MultiWatch nous voulons contribuer à la lutte contre ce refoulement. Notre but est d’inviter ici des re­pré­sen­tant·e·s de mouvements de résistance et de lever la chape de silence sous laquelle ils·elles vivent, op­pri­mé·e·s et souvent menacé·e·s de mort.

 

 

Agro au lieu de Business

 

Les 24–25 avril nous ouvrons des espaces à l’Uni de Bâle permettant à des mi­li­tant·e·s du monde entier de rapporter comment les populations concernées résistent. A la conférence internationale Agro au lieu de Business nous apprendrons des expériences de ceux-celles qui sont af­fec­té·e·s par Syngenta et son agrobusiness, qui entraine violations des droits humains et syndicaux, déplacements forcés de pay­san·ne·s, perte de souveraineté alimentaire, di­mi­nution de biodiversité et at­taques à la santé.

Nous allons également développer la résistance avec une action de protestation lors de l’AG de Syngenta le 28 avril à 8 h à la St. Jakobshalle à Bâle et le samedi, 23 mai à 14 h au Barfüsserplatz de Bâle nous organisons une « Marche contre Monsanto & Syngenta ». 

 

MultiWatch Basel

 

Plus d’infos: multiwatch.ch