Pauvreté, migrations et ressources naturelles

La manifestation contre le sommet des matières premières à Lausanne, prévue le 21 avril prochain, suscite de l’intérêt également en Suisse alémanique. Nous reproduisons ici l’appel des collectifs Bleiberecht (Droit de rester) de Berne et Bâle, qui insiste sur le lien entre le pillage des matières premières et les migrations, cherchant à montrer l’intersectionalité des luttes pour l’environnement et pour les migrations et appelle à une résistance commune.

Le 21 avril 2015, nous manifesterons à Lausanne pour exprimer notre indignation et soutenir les luttes dans le monde contre les multinationales présentes lors de ce sommet. Les ressources naturelles tant convoitées se trouvent principalement dans les pays du Sud. Si le commerce de matières premières est une activité extrêmement lucrative, les richesses dégagées ne bénéficient pas à toutes et tous, certainement pas, par exemple, aux paysan·ne·s ma­liens, aux pê­cheurs·euses gha­néens, ni au mineurs congolais. Au contraire, ce sont précisément les territoires africains les plus riches en ressources naturelles qui sont marqués par les plus grandes vagues de migrations. Celles-ci surviennent suite à l’accaparement des terres, à la surexploitation et la destruction des matières premières, aux dégâts environnementaux et à la pauvreté rampante. Ces richesses sont destinées avant tout au profit des multinationales.

 

Comment le pillage des matières premières est-il organisé ?

L’Union Européenne et la Suisse ouvrent la voie pour les multinationales en promouvant un libre-échange agressif par des élites corrompues : tandis que l’UE inonde les pays africains de biens subventionnés, les ressources naturelles leur sont arrachées. De plus, les conditions des prêts du FMI et les contraintes au désendettement imposées à ces pays écartent d’avance toute capacité à constituer un Etat social. La Suisse, avec ses nombreuses dispositions fiscales extrêmement avantageuses et opaques, accueille un grand nombre d’entreprises actives dans le négoce et/ou l’extraction de matières premières.

Ces rapports commerciaux néocoloniaux entraînent des flux de migration vers des régions voisines, voire des pays voisins. Peu de mi­grant·e·s entreprennent le voyage jusqu’en Europe. Compte tenu de la politique frontalière inhumaine de l’UE, celles et ceux qui parviennent avec succès à rester sur le continent européen sont encore moins nombreux. Et pourtant, ce qui les attend ne semble guère plus appréciable : des politiques d’asile à caractère raciste et un marché du travail dominé par des emplois au noir et des salaires indécents.

 

Quel rôle joue le sommet des matières premières à Lausanne ?

Alors que la plupart des immi­gré·e·s passent leurs journées à travailler pour des salaires misérables, ceux qui profitent du négoce de matières premières se retrouvent dans l’hôtel de luxe du Beau-Rivage à Lausanne pour discuter des derniers développements du secteur. Conçu comme un « club » d’élites composé d’acteurs liés au commerce de matières premières, cette rencontre leur permet de négocier des contrats, coordonner des prises de position agressives, discuter du potentiel de libéralisation du marché ainsi que de son élargissement, etc.

 

Ensemble dans la rue contre le sommet des matières premières !

Nous sommes toutes et tous con­cernés par le capitalisme, le colonialisme et la crise environnementale. Nous sommes des mi­li­tant·e·s de mouvements sociaux. Nous sommes étu­diant·e·s, chô­meurs·euses, intel­lectuel·le·s, pré­caires, em­ployé·e·s, ou­vrier·e·s et bien plus. Nous voulons lier nos luttes à une résistance internationale pour mettre les puissants à genoux et les remplacer par une solidarité populaire. Notre manifestation à Lausanne est un pas dans cette direction.