La CNCI, un lobby patronal qui brasse du vent

La Une et une pleine page dans l’Express/Impartial dédiée à la chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie (CNCI), à la suite d’une étude sur le canton et ses dépenses qu’elle a commanditée à la société d’audit PwC. PwC, qui vient d’être accusée par la cour des comptes britanniques d’avoir mis en place « la promotion de l’évasion fiscale à échelle industrielle », produit un rapport qui ne nous apprend rien de nouveau, mais vraiment rien. Qui se ressemble s’assemble.

Ils pointent le taux d’aide sociale élevé dans le canton et le coût de la santé pour dire qu’il faut agir et vite, mais se gardent bien d’interroger le lien entre le coût de la santé et le nombre de personnes relevant de l’aide sociale. Ils produisent des comparaisons intercantonales sur les subventions qui ne veulent rien dire, puisqu’ils passent comme chat sur braise sur le fait que le canton a beaucoup externalisé, notamment toute la santé. Dans les subventions qui « coûtent », le rapport cite l’Université. On avait déjà entendu il y a quelques années des voix venant de la CNCI appelant carrément à supprimer l’alma mater. Est-ce un retour de ce thème ?

Autre proposition : «cesser les querelles partisanes et régionales», laissez-nous rire ! Dans le social, il est proposé d’imposer des mesures d’occupation à certaines personnes. Un thème à la mode, mais ici on oublie sciemment que cela coûte cher en infrastructures et encadrement et n’a aucun effet sur le taux d’aide sociale. Du nouveau quand même : «des incitations motivantes aux assistants sociaux qui parviennent à réduire le nombre de cas». C’est pousser les assistants sociaux à vouloir s’approprier les dossiers des personnes qui retrouveront plus facilement du travail, au détriment des autres. Avec une guerre entre les assistants sociaux et les services, on sera bien avancé. Pas un mot bien sûr sur le marché de l’emploi qui ne veut plus de toutes ces personnes à l’aide sociale. Aucune réponse, et surtout rien qui irait dans le sens d’une réduction de la charge de travail des assistants sociaux pour leur permettre de consacrer plus de temps aux personnes dont ils s’occupent.

Quant à la conclusion du rapport, elle est simplement navrante : poursuivre la baisse des impôts des entreprises et des fortunés. La CNCI fait pression pour réduire la dimension sociale de l’Etat et promouvoir les inégalités. Est-ce là son seul but ? 

 

Henri Vuilliomenet