Pour une feuille de route ambitieuse sur la rénovation énergétique des bâtiments

Le défi du réchauffement climatique nous impose l’adoption de mesures urgentes. Le secteur des bâtiments reste en Suisse un des plus importants responsables des émissions de gaz à effet de serre.

 

Pour Genève, l’estimation des coûts des rénovations immobilières atteint 800 millions de francs par an, sur une période d’au moins 40 ans. Le Programme Bâtiments d’aide aux propriétaires pour l’assainissement énergétique ainsi que les chèques « bâtiment énergie » restent insuffisamment utilisés et le taux de rénovation est beaucoup trop bas. Ces constats sont largement partagés par le monde politique genevois, mais les solutions divergent. 

Des coupes budgétaires imposées par la droite et l’extrême droite ont entrainé une baisse des effectifs dans les services publics. Avec le budget d’austérité qui vient d’être voté par ces mêmes forces politiques, les quelques 9 millions du programme ChèqueBâti­mentEnergie ont été supprimés. Et aujourd’hui, leurs représentants réclament des mesures ambitieuses et critiquent l’administration ! 

La loi cantonale sur l’énergie a fixé le cadre général du processus pour les économies d’énergie et l’amélioration de l’efficacité énergétique, en intégrant une participation financière des locataires à la rénovation des immeubles, ce que notre mouvement avait combattu. En effet, les rénovations énergétiques des immeubles amènent une plus-value des biens immobiliers et des économies dans les dépenses énergétiques. Les locataires n’ont pas prise sur les décisions des propriétaires et sont donc « captifs ». Pendant des décennies, les coûts des charges de chauffage ont toujours été mis au compte des locataires, et à présent la loi cantonale les oblige, en plus, à participer financièrement à l’assainissement énergétique.

Le nombre insuffisant de demandes de rénovation des propriétaires privés doit être comparé au taux élevé des réalisations de la Ville de Genève dans ce domaine. La responsabilité du mauvais bilan des privés n’est pas liée aux dysfonctionnements de l’Etat, mais plutôt à un marché du logement asséché, qui permet de louer facilement des appartements sans effectuer de travaux. Manifestement, les mesures cantonales et fédérales d’encouragement n’intéressent pas les propriétaires. Ils cherchent d’abord à modifier le cadre législatif dans leur intérêt. 

Nous restons convaincus que la charge financière de la rénovation énergétique ne doit en aucun cas reposer sur les locataires et que seules des mesures contraignantes, comme l’obligation pour les propriétaires de mise en conformité aux normes énergétiques en vigueur, avec des délais fixés par la loi, accélèreront cette rénovation indispensable. 

 

Gilles Godinat