Helvétiquement vôtre

Helvétiquement vôtre : La ligue du Gothard vue par le DHS

 

Un autre article du Dictionnaire historique et biographique de la Suisse (DHS) est problématique : il décrit les fondateurs de la Ligue du Gothard comme «un groupe d’hommes de tendances et de courants de pensées divers, issus de la grande bourgeoisie, préoccupés par l’état d’esprit du peuple suisse à la suite de l’encerclement du pays par les puissances de l’Axe».

Mais il reconnaît qu’«à leur programme figuraient aussi l’instauration d’une démocratie autoritaire, une organisation corporative de l’économie et une révision du système politique».

Car le directoire de la Ligue du Gothard appartenait au Réarmement moral (organisation protestante anti-communiste), à la Ligue des non-subventionnés ou à l’Union de défense économique (Genève). 

En 1941, le Parti socialiste suisse interdit l’appartenance de ses membres à la Ligue du Gothard. Mais certains (petits ou gros) poissons ont échappé à la nasse : le professeur Philippe Müller (Neuchâtel) ou Konrad Ilg, président de la Fédération des ouvriers de la métallurgie et de l’horlogerie (FOHM) et signataire de la convention de « Paix du travail » (1937).

«En août 1940, la Metallarbeiterzeitung publie un article élogieux sur la Ligue du Gothard signé Konrad Ilg. Lors d’une réunion de la FOMH à Arbon, un ouvrier demande si ‹notre journal syndical est vraiment là pour faire de la propagande en faveur de la Ligue du Gothard›. Georg Jäger [permanent syndical local] lui fait la leçon […] : les partis et la presse suisse seraient responsables du fait que l’on continue à se battre pour des intérêts matériels à ‹l’heure du danger› au lieu de lutter pour la ‹solidarité populaire nationale» (Stefan Keller, Le temps des fabriques. Lausanne, Ed. d’En Bas, 2003).

Les sources d’une vision critique existent. Mais le DHS n’a pas choisi de les utiliser. 

 

Hans-Peter Renk