Pavatex Fribourg

Pavatex Fribourg : Pas de quoi pavoiser

Il aura fallu deux jours et demi de grève et quelques séances de négociation pour arracher un accord à la direction, jusqu’alors inflexible, de Pavatex à Fribourg. Mais le résultat final n’a pas enthousiasmé les travailleurs de l’entreprise, de l’aveu même du syndicat Unia.

L'entreprise n’étant pas signataire d’une convention collective, c’est le droit suisse dans toute sa vacuité qui s’appliquait chez Pavatex. Forte de cet avantage, la direction a commencé par refuser de discuter avec quiconque et surtout pas avec le syndicat Unia. La grève avait donc pour objet d’en faire un interlocuteur accepté, sinon reconnu, dans cette entreprise où 80 % des salarié·e·s sont syndiqués. Sur le site de la firme, spécialisée dans les panneaux isolants en fibre de bois, ses patrons affirment sans ambages : «nous nous sentons moralement très engagés, non seulement vis-à-vis de nos valeurs, mais également vis-à-vis de nos collaborateurs et de nos clients».

Voici comment cet engagement moral se traduit : les 47 licenciements et la fermeture de l’usine sont confirmés. Seules des mesures d’accompagnement ont été obtenues «bien en deçà de ce qui pouvait être obtenu de la part du groupe Pavatex» selon L’Evénement syndical du 26.11.2014. Par rapport aux propositions initiales, quelques petites améliorations ont été obtenues, en particulier l’utilisation d’une partie d’un fonds de secours patronal, qui servira à attribuer de modestes indemnités en fonction de l’ancienneté et financera des retraites anticipées. Rappelons que les salarié·e·s de l’entreprise avaient fait des sacrifices pour l’entreprise, acceptant par exemple des horaires à rallonge et une baisse de salaire de 4 % en 2011.

Le quotidien fribourgeois La Liberté, parle de la manifestation de soutien du vendredi 14 novembre, maintenue malgré l’arrêt de la grève, en ces termes «une foule plutôt dense, composée des travailleurs eux-mêmes, de familles et de sympathisants, a défilé au rythme de slogans tels que ‹ Salaires baissés, des ouvriers floués › ou ‹ Des ouvriers formidables, une direction fort minable ›. Des flambeaux illuminaient ce cortège qui s’est dirigé de l’Ancienne Gare à la place Georges Python». N’y avait-il pas là matière à améliorer le rapport de forces pendant la négociation ? 

 

Eric Peter