Italie

Italie : Manifestation du 25 octobre et après?

Environ un million de personnes se sont rassemblées contre le Job Act le 25 octobre dernier à Rome. Nous traduisons ci-dessous un article d’Andrea Martini, membre de Sinistra anticapitalista.

Quelque chose commence à bouger en profondeur au sein de la classe ouvrière, des brèches se sont ouvertes dans le consensus à la « geste » de Matteo Renzi, mais surtout une lassitude croissante, une volonté de sortir de la résignation face aux attaques constantes et explicites du gouvernement contre les droits et les protections des sa­la­rié·e·s, des précaires, des plus pauvres. Après des années de passivité, les arrêts de travail spontanés dans les usines se multiplient et les luttes dans les établissements sur le point de fermer se radicalisent (notamment aux aciéries de Terni). 

En outre, celles et ceux qui se sont rassemblés à Rome le 25 octobre dernier respiraient une atmosphère différente du quotidien oppressant des politiques patronales et gouvernementales et de la propagande du régime répétée ad nauseam par les organes de désinformation. 

 

 

La CGIL à l’avant-garde ?

 

La perception de ce nouveau climat a fortement encouragé la CGIL à impulser la manifestation du 25 octobre dernier. Cette décision est également le produit de la nécessité de répondre à l’arrogance du Président du Conseil face à des syndicats qui ont pourtant collaboré grandement au démantèlement des droits et des protections des sa­la­rié·e·s. En effet, la direction de la CGIL a contribué, au cours de ces dernières années, à dédramatiser la dimension, la profondeur et la violence des attaques. Elle s’est démenée pour laisser croire que l’affrontement était toujours à venir. Elle a toujours considéré les gouvernements comme des interlocuteurs possibles, comme des promoteurs de projets réformables, comme des sujets animés de la même volonté d’assainissement du pays, même s’ils employaient des méthodes avec lesquelles elle n’était pas en plein accord; comme s’il existait un intérêt commun qui puisse faire tenir ensemble l’action du patronat (et de ses gouvernements) et les besoins des sa­la­rié·e·s et des classes populaires. 

Bien sûr, la dimension de la manifestation du 25 octobre, bien qu’importante, n’est pas encore de celles dont on a besoin pour combattre la dureté et la détermination des attaques aux droits, à la protection, aux conditions de vie de la population italienne et en particulier des plus pauvres, mais on ne peut sous-estimer le fait que le cortège du 25 octobre démontre qu’une part toujours plus importante de tra­vail­leurs·euses perçoit le caractère intolérable des politiques antipopulaires et libérales du gouvernement. Les conditions existent pour impulser à nouveau une action collective. 

La manifestation du 25 octobre est donc très importante, mais pour avoir des effets positifs, elle doit être le début d’une phase nouvelle, la prémisse d’un tournant tardif mais encore possible. Malheureusement, les possibilités que la CGIL entreprenne un parcours vraiment différent, qui inscrive cette mobilisation dans la continuité, sont faibles. D’où la portée de la bataille de la coalition « Le syndicat est une autre chose- Opposition à la CGIL » (Il sindacato è un’altra cosa-Opposizione Cgil) qui, avec un tronçon combatif de plus de milles camarades, a caractérisé une partie de la manifestation en accord avec beaucoup d’autres tronçons de fabriques et d’usines qui avaient aussi des mots d’ordre beaucoup plus radicaux que ceux gênés et incertains de l’appareil. La grève générale appelée de leurs vœux par de larges secteurs de la classe ouvrière offrira peut-être l’occasion de vérifier le tournant effectif marqué par le 25 octobre.

 

Traduit et adapté par notre rédaction

Pour la version originale complète voir wp.me/p3K2y8-1TV