Cinéma

Cinéma : «Pride»: la lutte est gaie

Le film Pride revient sur la solidarité entre mineurs et militants homosexuels face aux attaques de Thatcher.

Une petite ville du Pays de Galles, où le gouvernement Thatcher entend faire céder les mineurs et fermer les mines déficitaires en 1983, retrouve soudain le sourire avec la solidarité imprévue de gays et lesbiennes londoniens. Cette union entre deux mondes ne se fera pas sans accroc et appréhensions des deux côtés. Mais Pride est ce qu’on appelle un feel-good movie. Il ne cherche pas à analyser la réalité minutieusement ou à la décrire jusque dans ces tensions. Il raconte ce moment historique en n’en gardant que le positif. Tout est enjolivé afin que le spectateur garde perpétuellement le sourire aux lèvres et c’est plutôt efficace. On s’amourache facilement de cette lutte belle et joyeuse, où est affirmée l’idée que toutes les combats doivent se rejoindre dans la solidarité. Le réalisateur met judicieusement en avant le corps et la musique dans les scènes de communion et d’émancipation. 

 

Le bonheur de la lutte

 

Au-delà de la belle histoire, le spectateur sort de Pride avec un constat indéniable : la société anglaise reste fortement empreinte des valeurs des luttes collectives ouvrières du passé. Dans quel autre pays, peut-on imaginer un film grand public vantant la solidarité, la grandeur des mineurs, et ayant pour point d’orgue une manifestation où sont brandies les magnifiques banderoles des syndicats ? La violence de la politique néolibérale de Thatcher et la répression subie par les mineurs n’auront pas réussi à faire disparaître dans les consciences l’existence de certaines valeurs : la solidarité, le droit à la dignité. Pride ne constitue donc pas un film qui permet de mieux comprendre une période historique, mais un film joyeux célébrant la lutte. Et cela reste un plaisir cinématographique trop rare pour le bouder. 

 

Pierre Raboud