Moscou

Moscou : Dans la rue contre la guerre en Ukraine

Notre rédaction a posé trois questions à Kirill Buketov, militant socialiste antiautoritaire russe, après la manifestation anti-guerre du 21 septembre, qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à Moscou. (JB)

 

Etiez-vous nombreux dans la rue le 21 septembre? Quelles étaient vos revendications? Quels milieux et forces politiques étaient représentés

 

Nous avons été surpris par le grand nombre des pa­rti­cipant·e·s qui ont exigé que les dirigeants russes stoppent leur intervention militaire en Ukraine, qu’ils cessent la répression et qu’ils libèrent les prisonniers politiques. «Fuck RT!», les médias manipulateurs sponsorisés par Poutine, était souvent repris en cœur. Socialement très mélangés, les ma­ni­fes­tant·e·s représentaient la gauche et les forces démocratiques.

 

 

Comment Poutine et les médias ont-ils essayé de faire échouer cette manif?

 

Le Kremlin a dépensé 20 millions de roubles pour faire campagne contre cette manif. Une propagande chauvine et militariste a inondé les médias afin de dissuader d’y participer. Des groupes nationalistes agressifs, protégés par la police, ont insulté le cortège. Ils ont même attaqué des jeunes femmes, en blessant certaines après la dissolution. Ils ont aussi interrompu le concert de Nouvel An juif du fameux pacifiste Andrei Makarevich, dénonçant les «traîtres à la mère-patrie», un acte antisémite. Alors que la violence d’extrême droite ne cesse de croître, la police ne fait rien et par là l’encourage.

 

 

Pourquoi le mouvement anti-guerre a-t-il un rôle décisif à jouer contre l’impérialisme russe en Ukraine?

 

L’histoire a montré que les guerres peuvent être arrêtées par des protestations de la société civile des pays agresseurs. Le populisme de Poutine dispose encore d’un large soutien, mais l’opposition ne cesse de croître contre ses plans bellicistes, tandis que les dépouilles des soldats rentrent au pays. Les familles du peuple commencent à saisir le prix du chauvinisme grand-russe et de sa politique étrangère. 

L’origine de cette guerre est dans notre pays : les dominants veulent contrer le mécontentement croissant contre la corruption en jouant sur la fibre impérialiste, qui rassemble les nationalistes, les staliniens et une partie de la gauche. Ils veulent présenter l’impérialisme russe comme un ordre social sain et juste qui fait face à un impérialisme U.S. monstrueux et décadent. Une absurdité, si l’on considère la concentration du pouvoir et des richesses dans les mains d’une petite coterie proche de Poutine, l’escalade de la répression, notamment contre des mi­li­tant·e·s socialistes, et le nombre croissant des victimes d’une terreur fasciste agréée par l’Etat.

Stopper la guerre impérialiste, c’est en finir avec le régime de Poutine, qui veut rebâtir une « prison des peuples ». Les nations voisines sont menacées, comme les socialistes antiautoritaires et les démocrates. Nous sommes pour la paix et la liberté, parce qu’il n’y aura pas de paix sans liberté, et pas de liberté sans paix !