Quand le Grand Conseil rajeunit et se féminise

Ce n’est pas encore, loin s’en faut, une vraie réalité grandeur nature. Mais on a pu se projeter dans une telle perspective le temps d’un après-midi à l’occasion d’une session spéciale organisée dans le cadre du bicentenaire du rattachement de la principauté de Neuchâtel à la Confédération.

Lors de cette session « extraordinaire » tenue le 11 septembre dernier chaque dé­puté·e était te­nu·e de se faire remplacer par un·e jeune du sexe opposé. Cette inversion des genres a induit une très large féminisation du Grand Conseil : 86 jeunes femmes et 29 jeunes hommes se sont retrouvés pour débattre et voter les 25 pétitions déposées auparavant par plusieurs d’entre eux. Notre député François Konrad était remplacé par Anna qui a bien voulu livrer ses impressions.

 

 

Quel est selon toi l’intérêt d’une telle session ?

Ça permet de faire mieux connaître le monde de la politique aux jeunes et de les intéresser à ce qui se passe ainsi qu’aux décisions politiques.

 

Pourquoi est-ce que tu as accepté de participer à cette session ?

J’étais curieuse de voir ce que pourrait être une telle session. Et je voyais cela comme une occasion plutôt plaisante de jouer à la députée.

Qu’est-ce qui t’as particulièrement plu dans cette expérience ?

C’est de voter pour des choses concrètes sachant que celles qui ont emporté le plus de oui seront soumises au Grand Conseil.

 

Quels sont les sujets qui t’ont particulièrement motivée ?

Les sujets liés à la mobilité : il y avait 6 pétitions sur ce thème. Trois d’entre elles concernaient la question du prix des abonnements pour les jeunes en formation et/ou celle des horaires de nuit notamment. D’ailleurs, ces pétitions ont fait l’objet de débats particulièrement soutenus et deux d’entre elles sont retenues parmi les sept qui seront transmises au Grand Conseil 1. J’ai été aussi intéressée par les propositions d’instaurer une journée de civisme actif pour toutes les classes du canton d’une part et d’introduire une période hebdomadaire d’éducation civique sur l’actualité d’autre part. Ces deux là ont aussi été largement soutenues et sont retenues pour transmission au Grand Conseil.

Quelles sont les trois autres pétitions sélectionnées pour suite au Grand Conseil ?

Il y a encore : l’instauration du droit de vote à 16 ans, sur demande, des mesures de sensibilisation permettant de maintenir les lieux publics propres et enfin la reconduite d’une journée telle que celle-ci tous les deux ans.

 

Est-ce qu’il y a eu des moments de débats particulièrement vifs ?

Il y a eu un débat assez vif sur la question du retour à l’élection du Conseil d’Etat par le Grand Conseil. Mais la pétition la plus combattue a été celle qui demandait l’enseignement de l’histoire suisse et neuchâteloise obligatoire en secondaire 1. Il a été dit que l’on apprenait déjà assez de cette histoire nationale et cantonale à l’école et que l’on voulait aussi apprendre l’histoire moderne et d’ailleurs.

 

Finalement, quelles impressions tu retires de cette journée, ambiance, apport…?

C’était intéressant. J’ai eu l’impression de faire quelque chose d’utile. J’ai été assez frappée par la concentration de toutes et tous. Pourtant trois heures, sans aucune pause c’est long ! Et malgré cela beaucoup de ceux qui voulaient parler n’ont pas pu car il n’y avait pas assez de temps pour donner la parole à toutes celles et tous ceux qui l’ont demandée. J’aurais par exemple voulu intervenir pour soutenir la pétition en faveur de la mise en place d’une structure d’accueil où les élèves des trois premiers cycles pourraient faire leurs devoirs tout en recevant l’aide dont ils auraient besoin. Je voulais dire que c’est important que tous les élèves aient les mêmes chances de réussir. Il y a des jeunes qui n’ont pas forcément quelqu’un à la maison qui peut les aider. Une école publique doit lutter contre les inégalités. Mais je n’ai pas eu la parole. D’ailleurs j’ai remarqué que les garçons ont beaucoup plus pris la parole que les filles alors qu’ils étaient beaucoup moins nombreux. C’étaient finalement assez souvent les mêmes qui prenaient la parole sur les différents sujets.

 

Propos recueillis par Caroline Nigg

 

  1. Pétition 11 : création d’un abonnement Onde Verte pour les jeunes, financièrement accessible et valable dans tout le canton de Neuchâtel.
    Pétition 23 : Insertion d’un tarif étudiant dans les TRN et rajout d’horaires nocturnes