La Palestine et les révolutions populaires arabes

Tandis que continue l’agression militaire israélienne contre la bande de Gaza, ainsi que la répression contre les Palestiniens citoyens d’Israël et les Palestiniens de Cisjordanie, des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien ont eu lieu au Moyen-Orient %u2028et en Afrique du Nord.

En Syrie, dans les « territoires libérés », notamment dans différents quartiers d’Alep, dans la ville de Qaboun près de Damas, à Deraa, etc., il y a eu des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien depuis le début de l’agression.

 

Palestine, Syrie, Égypte : « Nous sommes un »

Dans le quartier de Salah el Din, les ma­ni­fes­tant·e·s ont envoyé ce message au peuple palestinien : «De la population de Salah el Din à Alep à la population de Gaza: nous sommes un, comme l’est notre lutte et notre ennemi». Une veillée aux bougies a également eu lieu à Alep pour Gaza, tandis que des enfants manifestaient en masse dans la ville de Qaboun en solidarité avec la Palestine. Il y a également eu des manifestations de soutien à Gaza dans le camp palestinien de Yarmouk.%u2028Sur le plateau du Golan occupé par Israël, des manifestant·e·s soutenant la révolution syrienne ont dénoncé l’attaque militaire de l’armée d’occupation d’Israël sur Gaza, avec des pancartes qui demandaient l’arrêt du massacre en Syrie et à Gaza.%u2028

En Égypte, des manifestations ont eu lieu au Caire pour dénoncer l’agression israélienne, mais aussi pour condamner la collaboration du régime avec Israël et demander l’ouverture du point de passage de Rafah. Le régime de Sissi, qui depuis l’été dernier a poursuivi et emprisonné des réfugiés palestiniens en Égypte avec une campagne médiatique massive contre eux, refuse l’ouverture du point de passage de Rafah. Il participe dès lors au siège de Gaza, empêche la sortie des Palestinien·ne·s soumis aux bombardements et l’entrée de convois humanitaires transportant des médicaments ou de convois égyptiens et internationaux de solidarité avec la bande de Gaza. L’armée égyptienne a bloqué ces convois.

De plus, l’agence Human Rights Watch (HWR) a récemment mis en lumière, dans un rapport basé sur une enquête d’un an, le meurtre systématique et généralisé d’au moins 1150 ma­ni­festant·e·s par les forces de sécurité égyptiennes en juillet et août 2013. HRW, qui a été interdite d’entrée en Egypte pour présenter ce rapport, a qualifié de « massacre » les attaques des forces de sécurité du 14 août 2013 sur les places Rabaa al-Adhawiya et Nahda qui auraient causé la mort de plus de 800 personnes. L’agence relevait que de tels actes relevaient «probablement d’un crime contre l’humanité». Le régime de Sissi n’a cessé de réprimer toute forme d’opposition politique à son pouvoir, qu’elle soit de gauche ou islamiste.

 

Contre tous les régimes autoritaires

La question de la libération de la Palestine est intimement liée aux révolutions populaires de la région. C’est pourquoi il faut les soutenir dans leur combat pour renverser tous les régimes autoritaires, complices de la souffrance du peuple palestinien par leur collaboration directe ou indirecte avec l’État d’Israël. Les régimes autoritaires de la région ont tous essayé de supprimer, dominer ou contrôler le mouvement national de libération palestinien. %u2028Le régime Assad a une histoire de répression contre la résistance palestinienne qui a commencé dans les années 1970 et 1980 en Syrie et lors de ses interventions au Liban à cette même période. Mais surtout, depuis le début de la révolution en Syrie en 2011, le régime a assassiné plus de 2000 Palestiniens, qui ont dans leur grande majorité pris parti en faveur du soulèvement, sans oublier la destruction et le blocus imposé au camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk pendant plus d’un an. Il n’y a pas de différence entre la mort des Palestiniens à Gaza ou en Syrie; dans les deux cas, il y a une volonté de mater cette lutte pour la liberté et la dignité.

A côté d’Israël et de l’Arabie Saoudite, principaux alliés de l’impérialisme occidental dans la région, l’Egypte est aussi un pion indispensable dans la stratégie de dominations de l’impérialisme occidental. L’agression militaire israélienne sur la bande de Gaza a démontré à nouveau la soumission du régime égyptien aux intérêts occidentaux. Le régime de Sissi, qui a joué le rôle de médiateur entre le Hamas et le gouvernement israélien, n’a en effet cessé de faire pression sur la résistance palestinienne pour qu’elle accepte une trêve sans contrepartie ni garanties%u200A; la résistance de son côté demandait la levée du blocus en place depuis 2006, l’ouverture de la frontière avec l’Égypte et la libération par Israël de prisonniers.

 

Pour la libération des peuples de la région

Il faut comprendre – et rappeler sans cesse – que la libération de la Palestine passe en effet par la libération des peuples de la région. Comme l’écrivait un manifestant syrien révolutionnaire depuis le plateau du Golan occupé par Israël : «la liberté, un destin commun pour Gaza, Yarmouk et le Golan».%u2028La libération de la Palestine et de ses classes populaires est liée à la libération et à l’émancipation des classes populaires de la région de leurs classes dirigeantes, ainsi que des différents impérialismes, en particulier les États-Unis et la Russie et les sous-impérialismes régionaux comme l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar. Il faut donc lutter contre toutes les tentatives de division des classes populaires par les régimes et les forces islamistes réactionnaires à partir du genre, de l’appartenance religieuse, de la nationalité, etc. Ces divisions n’ont pour seule fonction que de maintenir la domination de ces populations, d’empêcher leur libération et leur émancipation et donc celles du peuple palestinien.%u2028

 

Vive les peuples en luttes, vive la Palestine libre !

 

Joseph Daher