Taoua, au bonheur des investisseurs

Les partisans de la tour Taoua présentent ce projet comme favorable aux locataires. Cet argument relève de la poudre aux yeux. Le prix des 30 appartements à loyer contrôlé prévus dans la tour, de 280 francs par mètre carré et par année, représente 15 % de plus que les logements mis en location dans d’autres projets de la Ville (quartier des Fiches, Métamorphose, etc.). Surtout, les 60 autres appartements contenus dans la tour seront mis en vente en propriété par étage à des prix exorbitants, pour un public de millionnaires. Cette tour est donc une poule aux œufs d’or pour des mastodontes de l’immobilier : le géant français Bouygues et son partenaire junior en Suisse romande, Losinger, ainsi que le groupe Orox (banque Rotschild), dont la maison-mère se trouve au Luxembourg, paradis des montages fiscaux off-shore.

Ces investisseurs ont d’autant plus de raisons de se frotter les mains que la Ville leur cède la parcelle, pour les 10 premières années, à un prix d’ami de 100 000 francs annuels. Pour un investissement de 130 millions, la Ville aurait pu exiger une rente bien supérieure. Si cette surface était octroyée au prix usuel de 40 francs m2/an, le droit de superficie rapporterait 7,5 millions de francs, au lieu du million prévu.

Selon les chiffres de Wüest & Partner, les prix des loyers des biens mis en location dans l’agglomération lausannoise ont doublé en dix ans. Il est urgent de renforcer une véritable politique de construction de logements bon marché en mains publiques pour enrayer cette spirale infernale. L’opération Taoua va dans le sens opposé, puisque la Ville cède sa parcelle à des promoteurs pour les 99 prochaines années. HB