50 groupes économiques contrôlent le monde

50 groupes économiques contrôlent le monde

Trois jeunes chercheurs de l’Ecole polytechnique
fédérale de Zurich ont analysé les interactions
financières entre multinationales du monde entier. Leur
étude, publiée le 19 septembre 2011, porte sur
43 000 sociétés transnationales
sélectionnées dans la liste de l’OCDE. Ils mettent
en lumière les interconnexions financières complexes
entre ces « entités »
économiques : parts du capital détenues, y compris
dans les filiales ou les holdings, prises de participation
croisées, participations indirectes au capital, etc.

Résultat : 80 % de la valeur de l’ensemble
des 43 000 multinationales étudiées est
contrôlée par 737
« entités » : des banques, des
compagnies d’assurances ou des grands groupes industriels. Le
monopole de la possession du capital ne s’arrête pas
là. « Par un réseau complexe de prises de
participation », 147 multinationales, tout en se
contrôlant elles-mêmes entre elles, possèdent
40 % de la valeur économique et financière de
toutes les multinationales du monde entier.

    Enfin, au sein de ce groupe de 147 multinationales,
50 grands détenteurs de capital forment ce que les auteurs
appellent une « super entité ». On y
retrouve principalement des banques : la britannique Barclays en
tête, les « stars » de Wall
Street – JP Morgan, Merrill Lynch, Goldman Sachs,
Morgan Stanley, etc. – ainsi que l’UBS et le Credit
Suisse; mais aussi des assureurs et des groupes bancaires
français : Axa, Natixis, la Société
Générale, le groupe Banque populaire-Caisse
d’épargne ou BNP Paribas. Les principaux clients des hedge
funds et autres portefeuilles de placements gérés par ces
institutions sont donc de facto les maîtres du monde.

    Cette concentration pose de sérieuses
questions. Pour les auteurs, « un réseau financier
densément connecté devient très sensible au risque
systémique ». Quelques-uns flanchent parmi cette
« super entité », et c’est le
monde qui tremble, comme la crise des subprimes l’a
démontré. D’autre part, les auteurs
soulèvent le problème des graves conséquences
sociales que pose une telle concentration. Qu’une poignée
de fonds d’investissement et de détenteurs de capital,
situés au cœur de ces interconnexions, décident,
via les assemblées générales d’actionnaires
ou leur présence au sein des conseils d’administration,
d’imposer des restructurations dans les entreprises qu’ils
contrôlent, et les effets pourraient être
dévastateurs.

    Enfin, quelle influence peuvent-ils exercer sur les
États et les politiques publiques en adoptant une
stratégie commune ? La réponse se trouve
probablement dans la brûlante actualité des plans
d’austérité en cours dans le monde entier. Que
reste-t-il de nos prérogatives démocratiques ?

Ivan du Roy
Article publié sur www.bastamag.net et adapté par nos soins.