Stade de Genève: la coupe est pleine…

Stade de Genève: la coupe est pleine…

En juin 2004 le Municipal de la Ville de Genève (la droite, l’UDC… et les Socialistes) vote un crédit de 2,5 millions pour aider la Fondation du stade de la Praille à boucher en partie le monstrueux déficit du nouveau temple du foot genevois. Dès juillet, un comité référendaire de citoyens et citoyennes s’oppose à ce crédit et récolte 5256 signatures. Le 24 avril prochain, cet objet passera en votation. Le comité référendaire comprend aujourd’hui l’Alliance de Gauche (solidaritéS, Indépendants, PdT), les Communistes, les Verts, Sport et santé pour tous et toutes et la Fédération des associations des quartiers et d’habitants (FAQH).

En 1997, le futur stade de la Praille, appelé «Stade de Genève», Titanic dédié au foot, de par sa conception, était devisé à 68 millions, montant pris en charge par le privé! L’inauguration du stade inachevé aura lieu en 2003. Fin 2004, la facture s’élève à plus de 120 millions… et les collectivités publiques ont déjà versé plus de 61 millions en frais directs et indirects (Canton, Ville de Genève, Commune de Lancy, Confédération), selon le rapport de l’Inspection Cantonale des Finances (ICF).

Les privés ont prêté de l’argent: 20 millions pour le Crédit Suisse, remboursables sur 80 ans, soit 20 ans de plus que la durée de vie prévue pour le stade (!); 36 millions pour le groupe Jelmoli, qui paye des loyers d’avance pour son centre commercial qui jouxte le stade. Il faudra donc rembourser ces millions et éponger encore une dette de 10 millions, due au groupe Zschokke, finir quelques travaux de construction et équiper le stade pour accueillir des mégas concerts. Bref, il faudra trouver grosso modo environ 70 millions.

Privatiser les bénéfices,
collectiviser les pertes…

On connaît la chanson, sous le prétexte que les collectivités ont déjà versé plus de 61 millions, la droite et les Socialistes voudraient créer une Fondation de droit public pour ne pas perdre cet investissement. Dès lors, nous devrions assumer les dettes, les déficits et l’entretien de l’édifice à très long terme, sans compter les frais que l’ Euro 2008 va encore engendrer pour les contribuables (normes sévères de sécurité à l’intérieur du stade et forces de l’ordre déployées hors du stade pour contenir les supporters).

Pour équilibrer les comptes sur la période 2004-2012, le stade de Genève devrait accueillir chaque année et à guichets fermés (30 000 personnes): 21 matchs internationaux, 20 matchs du club résident – depuis Servette FC a disparu – et 22 concerts événements! Actuellement, aucun événement culturel n’est prévu, seuls 3 matchs sont agendés à Genève pour l’Euro 2008. On est donc vraiment loin du compte.

Pour qui sonne le glas? Tous les budgets sociaux et culturels sont revus à la baisse, soi-disant parce qu’il n’y a plus d’argent. Les prestations dans tous les secteurs diminuent (personnes âgées, handicapé-e-s, logements, hôpitaux, écoles, crèches, formation, culture, sport populaire, transports publics,…). Les caisses des collectivités publiques sont vides pour maintenir les allocations aux plus modestes, mais l’argent existerait pour financer ce stade?

Il est malhonnête et honteux de demander encore de l’argent aux contribuables pour ce puits sans fond du sport-spectacle.

Le Crédit Suisse annonce triomphant un bénéfice de 5,6 milliards pour 2004, le groupe Jelmoli engrange des millions et le banquier Bénédict Hentsch engagé dans ce méga-stade rechignent tous à financer ce qu’ils ont voulu hier. A eux et à leurs petits copains d’assumer.

Nous voterons massivement NON à ce nouveau crédit, ce 24 avril, en écho à notre 6 X NON cantonal à la régression sociale.

Luc GILLY

Au cas où vous souhaitez soutenir la campagne référendaire, Comité de citoyennes et citoyens contre tout nouveau crédit pour le stade de la Praille, CCP 17-403303-2